Peur pour l'Espagne

Les marchés, ces centaines de milliers d'acteurs ? ou de logiciels ? fonctionnant tantôt en mode dispersé, tantôt en mode compact, ont pris peur ce jeudi. Et là, le panurgisme s'impose d'un coup. Le risque, l'horrible risque d'une crise qui finalement durerait plus longtemps qu'on ne le croyait il y a peu, a soudain paru incommensurable. Et, comme souvent, la peur a trouvé son abcès de fixation : ce n'est plus la Grèce, c'est l'Espagne, avec le Portugal dans son sillage. Les deux pays ibériques ensemble pèsent cinq fois et demie la Grèce. C'est peut-être la raison pour laquelle les marchés ont eu une réaction en apparence étrange : au lieu d'applaudir la fermeté de ton de Jean-Claude Trichet quand il a affirmé que la BCE serait inflexible sur le Pacte de stabilité, donc sur les déficits publics et la dette, ils ont paniqué. Pourquoi ? Parce que ce type de discours qui valait pour la Grèce laxiste ne vaut pas pour l'Espagne terrassée par la crise. Quatre millions de chômeurs, ce chiffre terrible annoncé mardi, montre que la quatrième économie de la zone euro est malade, très malade. Si on lui impose un jeûne, plus une saignée, elle ne pourra pas se relever. Or c'est ce que laissent entrevoir les engagements de José Luis Zapatero, qui affirme vouloir faire 50 milliards d'euros d'économies sur les trois ans qui viennent. Comment l'imaginer, quand une région très peuplée comme l'Andalousie affiche un taux de chômage de 26 % ? La preuve que les marchés n'ont pas peur DE l'Espagne mais POUR l'Espagne, c'est que Madrid a pu lever sans problème jeudi 2,5 milliards d'obligations à trois ans, à un taux très modéré. Reprise au Nord, récession au Sud : l'écartèlement conjoncturel est le pire danger qui guette l'Euroland. Le Prix Nobel d'économie Paul Krugman l'a dit crûment : « Derrière l'effondrement de l'Espagne, il y a le vrai problème de l'euro : la même politique monétaire pour tout le monde, ce qui n'offre aucune échappatoire aux pays qui subissent des chocs. »[email protected] Sophie Gherard
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