Une gestion déterminée par les caractéristiques du territoire

La gestion des régions fait débat. « Folie fiscale », « explosion des dépenses de personnel », etc. L'UMP n'est jamais à court de critiques quand elle évoque les six années de mandature des présidents socialistes. En réponse, les régions font de l'État le responsable de leurs maux. « L'État nous fait les poches », répètent inlassablement les élus locaux. Les indicateurs publiés par « La Tribune » en partenariat avec Forum pour la gestion des villes permettent d'appréhender la question loin des débats politiques passionnés.Il en ressort quelques différences notables. Alors que le Languedoc-Roussillon a préféré utiliser le levier de la fiscalité pour enclencher de lourds investissements, l'Alsace a préféré recourir à l'endettement pour financer, entre autres, son TGV. Alors que l'Auvergne, l'Aquitaine ou le Midi-Pyrénées consacrent au moins 43 % de leur budget à l'investissement, le Limousin, la Bourgogne, le Nord-Pas-de-Calais, Paca et la Picardie leur en affectent moins de 35 %. Si la gestion relève bien sûr d'un choix politique, elle est aussi largement déterminée par les caractéristiques du territoire. On ne gère pas une région de la même façon selon que celle-ci gagne ou perd des habitants, est située au coeur de l'Hexagone ou frontalière ? en concurrence avec des voisins puissants comme la Catalogne ou le Piémont ? et selon qu'elle concentre des activités tertiaires et des pôles de recherche ou des zones agricoles et industrielles. peu de différencesL'Île-de-France est à cet égard peu comparable aux autres régions, concentrant à elle seule un tiers du PIB français. Elle peut ainsi à la fois pratiquer des taux d'imposition modérés et financer ses investissements en ayant très peu recours à l'endettement. Elle peut intervenir largement au-delà de ses champs de compétences obligatoires, en soutenant le secteur associatif, culturel, sportif, en intervenant en matière de politique de la ville, etc. Mais elle doit, aussi, affronter la concurrence du pouvoir central, et celle de la ville centre qu'est Paris. De ce point de vue, le pilotage est sans doute plus aisé en Limousin qu'en Île-de-France ! Traditionnellement très interventionniste auprès du milieu associatif, Paca est aussi sur ce modèle d'une gestion allant largement au-delà des compétences légales. Alors que des régions comme l'Aquitaine, la Bourgogne ou la Bretagne ont préféré se recentrer sur leurs compétences obligatoires. Ces différences sont toutefois très relatives. Car ce palmarès montre surtout la grande homogénéité de gestion des régions. Le même exercice appliqué aux villes montrerait certainement des résultats beaucoup plus disparates ! Toutes les régions ont utilisé leur levier fiscal, ont peu recouru à l'endettement, et ont donné un coup d'accélérateur à leurs investissements. Toutes consacrent 80 % de leurs budgets régionaux à leurs quatre grandes compétences (lycées, formation professionnelle, ferroviaire et développement économique). Et entre l'Alsace et les régions socialistes, il existe finalement moins de différences qu'entre une région riche et une région pauvre. Stéphanie Tisserond
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