Athènes demeure sous la pression de Berlin

Officiellement, tout va à nouveau pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. La Grèce s'est convertie avec fracas à l'orthodoxie budgétaire mercredi, cédant en grande partie aux « conseils » de l'Union européenne. Après la BCE et Berlin, les marchés en ont été ravis et se sont jetés avec gourmandise sur la dette grecque ce jeudi. La ministre française de l'Économie, Christine Lagarde, a réaffirmé une nouvelle fois qu'il n'existait aucun plan franco- allemand d'aide à la République hellénique. Laquelle d'ailleurs a affirmé avec superbe qu'elle n'en avait pas besoin et qu'elle n'entendait pas non plus faire appel au FMI. « Je pense que nous pourrons dépasser cette crise par nos propres moyens », a ainsi déclaré le ministre adjoint grec des Affaires étrangères, Dimitris Droutsas. Une parole qui est un authentique écho de la position officielle de l'Allemagne. Voici donc Berlin et Athènes en parfaite harmonie, alors que le Premier ministre grec, Georges Papandréou, rend visite ce vendredi à la chancelière allemande, Angela Merkel.résistances de la populationTout serait donc rentré dans l'ordre ? Pas vraiment. Athènes va devoir faire face aux résistances de sa population et des syndicats, qui ont encore appelé à un débrayage pour vendredi. Sans compter que si le plan du gouvernement est un succès, le déficit budgétaire restera supérieur à 8,7 % du PIB l'an prochain. Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a prévenu qu'il faudra prendre de « nouvelles mesures en 2011 et 2012 ». En Allemagne, le nouveau plan grec a d'ailleurs rencontré un large scepticisme. Les trois quarts des Allemands ne croient guère à son efficacité pour régler les problèmes de l'économie grecque. Le très influent président de l'institut Ifo, l'économiste Hans-Werner Sinn, estime même que la seule solution est une sortie du pays de la zone euro. « Toute tentative de stabiliser la Grèce dans le cadre de la zone euro et la faire demeurer dans l'union monétaire revient à emplir le tonneau des Danaïdes », a-t-il prévenu.La question du refinancement futur de la Grèce reste donc ouverte et, avec elle, celle d'un soutien affiché de l'Allemagne et de la France qui serait à même de rassurer durablement les investisseurs. Berlin a rejeté mercredi l'idée qui circulait depuis quelques semaines d'une garantie apportée par la banque publique KfW. En réalité, derrière cette fermeté sans cesse affichée, on sait que l'Allemagne ne pourra laisser la Grèce courir à la faillite sans agir. Du coup, à peine le nouveau plan grec était-il connu que de nouveaux « conseils » allemands étaient prodigués à Georges Papandréou afin de retarder le moment où il faudra intervenir. Dans le « Bild Zeitung » de ce jeudi, le député libéral Frank Schäffler a par exemple incité le gouvernement grec à « vendre ses propriétés foncières, par exemple ses îles inhabitées ». Une solution qui montre que la pression allemande sur Athènes ne décroît pas encore.
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