Contraint forcé, Francfort abandonne ses « ? rondelles ? »

C'était le dernier parquet d'irréductibles dans une Europe totalement soumise à la finance dématérialisée. Mais il va bientôt falloir rendre les armes. Lundi, le conseil de la Bourse de Francfort a décidé de mettre fin aux activités de son parquet au plus tard le 28 mars 2012. Certes, la criée avait été remplacée dans la salle des marchés par des ordinateurs, mais il reste à Francfort deux Bourses. Parallèlement au système électronique Xetra de Deutsche Börse persiste un autre marché, ouvert jusqu'à 20 heures, organisé autour des « rondelles », ces grandes tables rondes où une vingtaine d'intermédiaires autorisés par un acte administratif, les Skontroführer, touchent des courtages représentant 0,04 % à 0,08 % des volumes traités, et bénéficient de certains avantages comme celui de pouvoir présenter une contrepartie deux jours après la fixation d'un prix.Jusqu'en 2005, la loi obligeait les Bourses à disposer d'un parquet. Depuis, Deutsche Börse pousse à sa suppression, mais a temporisé face à la résistance des Skontroführer, notamment des plus petits. Ces derniers ont cependant cédé. Il est vrai que, trop lent, trop cher, le parquet, qui traite « presque exclusivement des ordres d'investisseurs privés allemands », selon un trader, avait perdu de sa superbe depuis l'arrivée des plates-formes alternatives. En février 2010, moins de 6 % des transactions réalisées à Francfort l'étaient sur le parquet. De plus, le dirigeant d'un Skontroführer estime que « certains petits intervenants profitent du système du courtage pour faire du volume aux dépens de la qualité, et toute la place en pâtit ». Une réforme devenait incontournable. Pour ne pas se voir imposer une suppression unilatérale, les Skontroführer ont préféré négocier. « Pour préserver notre activité, il fallait se résoudre à abandonner nos privilèges », reconnaît ainsi Thomas Fröhlich, président de Merkurius Handelsbank, Skontroführer depuis seulement quelques mois. L'opérateur boursier leur garantit un nouveau statut, celui de « spécialistes ». Ils faciliteront sur Xetra la liquidité des plus petites valeurs. « Nous remplirons grâce à notre expérience les carences actuelles du Xetra », estime Uto Baader, président de Baaderbank, le plus grand Skontroführer du marché qui voit dans cette réforme une chance pour son activité.Les négociations à venir devront définir les tâches futures de ces intermédiaires, mais aussi leur mode de rémunération, les obligations en termes de capitaux propres et le financement des inévitables investissements technologiques. Pour Uto Baader, « le nombre d'intermédiaire devrait se réduire de moiti頻. Il s'attend surtout à un phénomène de concentration. Et des traders du parquet craignent depuis lundi dernier pour leurs emplois. « Si nous devenons seulement apporteurs de liquidités pour les petites valeurs, il y aura des licenciements », redoute l'un d'eux. Une chose reste certaine : ceux qui resteront demeureront dans la salle des marchés sous le célèbre tableau noir. Un outil marketing qui a beaucoup servi à illustrer la crise dans le monde entier et dont Deutsche Börse n'entend pas se passer.Romaric Godin, à Francfortles tâches futures des intermédiaires et leur mode de rémunération seront définis par des négociations.
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