La robotique doit s'enseigner à l'école pour mieux s'intégrer dans les foyers

Laurent PericoneLongtemps cantonné à des tâches mécaniques sur les chaînes de montage, les robots se libèrent de l'usine et vont bientôt intégrer nos foyers. La robotique va bouleverser notre vie à la manière de l'informatique dans les années 1990. Le marché mondial de la robotique de services (éducation, loisirs, sécurité, assistance à la personne...) est estimé à 3,3 milliards de dollars et devrait atteindre les 100 milliards à l'horizon 2020, selon l'International Federation of Robotics. Mais avant de cohabiter avec les humains au quotidien, ces machines intelligentes devront être acceptées par la société. « Il faut initier des réflexes et des habitudes de travail avec des robots. Le premier pas vers cette collaboration est de banaliser la robotique dans l'enseignement », explique Bruno Bonell, patron de Robopolis et président du Syrobo, le syndicat de la robotique de services, organisateur Innorobo le premier salon dédié à la robotique en France.Cet événement professionnel, qui s'est tenu fin mars à Lyon, a permis de mesurer les progrès à faire encore en France sur ce sujet. Les organisateurs avaient invité une dizaine de constructeurs sud-coréens à présenter leurs robots. Ce pays est l'un des plus avancé dans l'intégration de robots de service, depuis qu'en 2003 les pouvoirs publics ont décidé d'en faire une priorité nationale. Objectif : équiper chaque foyer coréen d'un robot domestique d'ici à 2015. Dans ce pays précurseur, les enfants sont plongés dans la robotique dès le plus jeune âge, à la fois pour les familiariser avec ce domaine technologique innovant et pour pallier le manque d'enseignants dans certaines matières.Ainsi, Irobi de la société Yujin Robots assiste les instituteurs d'écoles maternelles en faisant l'appel, proposent des activités et envoient des messages aux parents. Robosem, un autre modèle plus élaboré, est conçu pour remplacer les professeurs d'anglais. La société Robotis propose une impressionnante palette de kits de développement adaptés à tous les âges, à partir de 7 ans. Cette société coréenne revend ses robots à construire et à programmer soi-même. Les modèles les plus élaborés de la gamme Bioloid peuvent marcher et se redresser tout seul après une chute.En France, les initiatives restent encore dispersées. POB Technology, une société de Villeurbanne, conçoit des kits de construction de robots notamment à destination des collèges. A la manière d'un jeu d'assemblage, il permet aux roboticiens en herbe de se familiariser avec les aspects mécaniques, électroniques et logiciels. Une fois assemblé, le robot peut être contrôlé en wifi par un joystick ou un smartphone grâce à un logiciel de programmation très graphique qui permet simplement de créer des actions.L'enseignement supérieur commence à utiliser aussi les robots pour enrichir les cours d'informatique et servir de support pour des projets étudiants. L'université Paris Descartes est le premier établissement européen à acquérir le robot humanoïde Nao de la société Aldebaran, dans le cadre d'un projet éducatif. « L'utilisation de ce petit robot entièrement programmable va motiver nos étudiants pour affiner leur travail. Déjà deux projets sont en cours, l'un pour qu'il écrive à la main un texte qu'un humain lui dictera et l'autre pour lui apprendre à jouer aux échecs », explique David Janiszek enseignant-chercheur de l'UFR mathématiques et informatique. Les responsables de l'université espèrent bien que l'attrait de la robotique pourrait relancer les vocations scientifiques chez les étudiants...
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