L'indifférence armée de Berlin

À Berlin, les volontés de rapprochement fiscal de Nicolas Sarkozy laissent plutôt de marbre. Il faut bien chercher pour trouver les rares articles sur le sujet dans la presse d'outre-Rhin. Et encore sont-ils toujours teintés d'une pointe d'ironie concernant les arrière-pensées de ces propositions. «?L'Allemagne doit fournir à Paris de l'aide pour supprimer avec élégance l'impôt sur la fortune?», titrait ainsi voici deux semaines la « Berliner Zeitung ». Globalement pourtant, c'est l'indifférence qui domine et l'on peine à trouver un économiste ou un fiscaliste qui prenne l'affaire au sérieux.Il est vrai que le gouvernement fédéral lui-même communique peu sur le sujet. Parce qu'il est en fait lui-même spectateur. «?C'est une initiative française et nous attendons que Paris nous présente les résultats de ses réflexions?», affirme-t-on ainsi dans les cercles proches du ministère des Finances. Berlin se veut donc volontairement passif et très détaché sur le sujet. Un contexte peu favorablePas de propositions allemandes à attendre donc, mais nul doute qu'il y aura des réactions aux projets français. Car, selon nos informations, le gouvernement Merkel entend ne pas aller trop loin?: d'accord pour discuter de quelques modalités techniques concernant l'impôt sur les sociétés «?pour faciliter la vie des entreprises?», mais guère plus. Berlin serait ainsi plus sceptique sur une harmonisation des taux et une proposition visant à harmoniser la TVA buterait également sur la réticence allemande.Le peu d'enthousiasme de Berlin s'explique par la volonté de conserver les leviers de la politique fiscale et donc la maîtrise des comptes publics. De plus, la situation politique allemande n'est guère favorable à cette convergence. Depuis le moi de mai, le gouvernement Merkel n'a plus de majorité au Bundesrat, dont l'accord pour les lois fiscales est nécessaire. Les propositions françaises devraient donc passer, si elles modifient les recettes de l'État, sous les fourches caudines de l'opposition. Sans compter que les sujets fiscaux, notamment concernant la TVA, sont très sensibles au sein de la coalition. Angela Merkel qui, pour imposer la paix dans son camp, a décidé d'enterrer tous les sujets fiscaux ne rouvrira sans doute pas la boîte de Pandore pour satisfaire le président français. Romaric Godin, à Francfort
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