Le phénomène Marina Silva provoque un second tour au Brésil

La présidentielle brésilienne, que l'on disait, selon les sondages, acquise dès le premier tour à la dauphine du président Lula, Dilma Rousseff, aura réussi à créer la surprise, dimanche dernier. La bataille entre la candidate du Parti des Travailleurs (PT), et José Serra, du Parti de la Sociale-Démocratie Brésilienne (PSDB), devait tourner à l'avantage de la première. Une autre femme est venue bousculer ce scénario : Marina Silva, la candidate du Parti Vert (PV), qui a attiré 19,33 % des votes soit près de vingt millions de suffrages. Un score qu'aucun institut de sondages n'avait prévu... Le tout aux dépens de Dilma Rousseff, qui doit à l'appui du très populaire Lula les 46,9 % de voix obtenues au premier tour, contre 32,6 % pour José Serra. La confrontation finale entre les deux candidats aura lieu le 31 octobre prochain. « Même si nous ne sommes pas au second tour, il faudra désormais compter avec nous, nous allons nous faire entendre ! », s'est enflammée Marina Silva dimanche soir, face à des militants euphoriques. La performance de l'ex-ministre de l'environnement de Lula - elle a occupé ce poste de 2003 à la mi-2008 - est d'autant plus remarquable qu'elle ne la doit qu'à elle. Biographie digne d'un romanLe PV est une formation récente, sans ancrage idéologique, qui s'allie dans chaque région à n'importe qui, pourvu qu'il y gagne des postes. Son faible nombre d'élus au Congrès et son incapacité à mettre sur pied une coalition ont réduit le temps de télévision concédé par le Tribunal électoral à Marina Silva : 1 minute et 24 secondes, loin derrière les 10 minutes de Dilma Rousseff. Son candidat à la vice-présidence, Guilherme Leal, l'un des hommes les plus riches du Brésil, a certes contribué au financement de sa campagne et à attirer une partie de l'élite. Mais c'est son engagement en faveur d'un développement durable et sa biographie, digne d'un roman - elle naît en Amazonie dans une famille de paysans qui récoltent le caoutchouc ; elle est analphabète jusqu'à l'âge de 16 ans, avant de devenir historienne et militante de l'environnement - qui ont fait la différence. Marina Silva est aujourd'hui courtisée par les deux candidats arrivés en tête. Le président du PV a déjà fait savoir qu'il comptait appuyer José Serra. Ce choix serait toutefois perçu comme une trahison par les amis politiques de la fille de l'Amazonie : elle a fait toute sa carrière au sein du PT. Marina Silva ne se dit pas plus attirée par Dilma Rousseff, avec laquelle elle a eu de nombreuses frictions lorsqu'elles étaient toutes deux au gouvernement. La tendance serait alors de « libérer » le vote de ses supporters - avec le risque de n'avoir aucun poids dans le prochain gouvernement, quel que soit le président élu.
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