Le syndrome Opel

Il est rare de voir une décision d'entreprise déclencher autant de réactions politiques et diplomatiques dans autant de pays. L'Europe s'est réveillé hier matin avec un sec télégramme venu de Detroit tenant en quelques mots?: « vente d'Opel annulée ». Signé General Motors, il a brutalement douché le Vieux Continent. De Berlin, de Madrid, de Bruxelles et même de Moscou sont très vite venues des protestations face à ce traitement de choc. D'un plan savamment conçu, notamment outre-Rhin, pour limiter la casse de la restructuration inévitable de la filiale européenne de GM dans le cadre d'une vente au canado-autrichien Magna, on bascule dans une opération qui va être menée sans états d'âme depuis les États-Unis, où la fermeture d'une usine allemande a moins d'importance. Un coup de Jarnac alors même qu'Angela Merkel venait de déclarer sa flamme à l'Oncle Sam en affirmant que les États-Unis ne pourraient pas compter sur un meilleur partenaire que l'Allemagne. La sérénade n'a apparemment pas été entendue par le conseil d'administration de General Motors, auteur du télégramme assassin. Mais si les Européens ont si mal réagi, c'est à cause des fantômes de Vilvorde, la fermeture de la grande usine Renault en Belgique en 1997. Lorsque la marque au losange a pris cette décision, tout le monde savait qu'il restait des surcapacités de production automobile en Europe et que d'autres décisions du même type seraient sans doute inéluctables. Depuis, certains y ont pensé, mais sont rarement passés à l'acte. Peugeot a réduit la voilure outre-Manche (c'est toujours plus facile hors de son pays), Fiat s'est interrogé, y compris sur ses sites italiens, avant de renoncer. Le spectre de nouveaux arbitrages douloureux ? comme en a connu l'industrie automobile américaine avec son lot de sites définitivement arrêtés ? plane toujours sur le secteur en Europe. D'autant que la crise est passée par là et qu'après le dopage à la prime à la casse, les ventes de voitures risquent de mal vivre la cure de désintoxication aux primes publiques qui va suivre. Les déboires d'Opel ont désigné le candidat européen aux prochaines fermetures. Mais pas forcément le dernier. En attendant, ce sont comme souvent les « petits » qui trinquent, car l'on ne compte plus le nombre de sous-traitants et d'équipementiers auto qui ont dû fermer des sites sur le Vieux Continent, quitte à en ouvrir d'autres ailleurs, en Chine par exemple, pour accompagner leurs grands donneurs d'ordre. Mais le tour des « gros » va tôt ou tard [email protected] PROVOST
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