GM garde Opel mais veut y supprimer 10.000 emplois

C'est un coup de théâtre qui a fait l'effet d'un coup de tonnerre en Allemagne. Le conseil d'administration de General Motors a finalement décidé de ne pas vendre Opel. Pour Angela Merkel, qui s'était personnellement engagée dans la défense du projet de reprise d'Opel par l'équipementier austro-canadien Magna allié au russe Sberbank, le coup est rude. Depuis six mois, son gouvernement négociait pour faire accepter cette option, qui préservait les quatre usines allemandes, par les salariés, par GM, par les autres États européens et par la Commission européenne. Berlin avait, pendant ce temps, assuré la survie du constructeur de Rüsselsheim en lui accordant un crédit de 1,5 milliard d'euros. Mais il semble que le gouvernement allemand a été la dupe du groupe américain qui, lui, a joué la montre et tergiversé. Et maintenant que le marché se redresse et que sa situation financière s'améliore, le géant de Detroit reconnaît l'importance de sa filiale européenne et ne veut plus s'en séparer.menace de mise en failliteOutre-Rhin, l'indignation est à la hauteur de la déception. Le président du comité d'entreprise d'Opel, Klaus Franz, a parlé de « jour noir pour Opel » et appelé à des actions de protestation du personnel. Le ministre de l'Économie, Rainer Brüdele, a jugé la décision « totalement inacceptable ». Angela Merkel, actuellement à Washington, veut évoquer l'affaire avec Barack Obama et son gouvernement exige le remboursement du crédit accordé à son terme, à la fin du mois. Mais la position du gouvernement est désormais bien fragile, car s'il refuse d'accorder à GM les aides promises au repreneur, les Américains menaceront de mettre Opel en faillite, de fermer les usines et de réduire massivement les effectifs. Avec 25.000 salariés d'Opel en Allemagne, Berlin peut difficilement prendre ce risque. « La prochaine étape sera de faire chanter les gouvernements et les salariés », a prophétisé Klaus Franz. Dès hier, malgré sa déception, le gouvernement reconnaissait qu'il voulait encore éviter la faillite d'Opel. GM a évalué à 3 milliards d'euros les dépenses nécessaires pour restructurer Opel. Et prévenu qu'il tablait sur 10.000 suppressions d'emplois, soit l'équivalent de ce que prévoyait Magna.Reste que beaucoup, comme Ferdinand Dudenhöffer, directeur du centre de recherche sur l'automobile de l'université de Duisbourg et Essen, craignent que, désormais, Opel ait « peu de chance de survie » dans les mains d'un groupe qui a multiplié les erreurs stratégiques. Un pessimisme qui n'est pas partagé par tous. « Du point de vue industriel, faire partie d'un grand groupe est un avantage », rappellent les analystes de Credit Suisse. D'autant que le projet Magna restait assez flou et n'avait guère convaincu les partenaires européens de l'Allemagne. D'ailleurs, hier, en Espagne et au Royaume-Uni, on a plutôt accueilli avec le sourire la décision de GM. Romaric Godin, à Francfort
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