Crédit : les banques promettent, les PME attendent

À moins de dix jours des élections régionales, l'engagement des principales banques françaises de mettre 96 milliards d'euros à la disposition des PME (petites et moyennes entreprises) et des TPE (très petites entreprises) en 2010 est accueillie avec prudence. Le président de la Fédération bancaire française et directeur général de BNP Paribas a expliqué, à l'issue d'une réunion à l'Élysée, que cette enveloppe se répartirait entre 38 milliards d'euros de crédits à moyen et long terme et 58 milliards de crédit à court terme, soit une augmentation de 3 % par rapport aux crédits accordés en 2009 par les cinq grands réseaux français (Crédit Agricolegricole, Crédit Mutuel, Société Généralecute; Générale, BPCE et BNP Paribas).« Les banques n'étaient pas favorables à un objectif chiffré, et, le moins que l'on puisse dire, est qu'elles n'étaient pas ravies d'être convoquées pour la énième fois », indique un observateur, pour qui les banques « ont accepté de communiquer sur une enveloppe de crédits aux PME pour des raisons politiques ». Quinze jours pour les besoins courantsLa Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), elle, retient surtout la promesse faite par les établissements de crédit de réduire les délais de réponse aux demandes de crédits émanant des entreprises. Elles se sont en effet engagées sur un délai de réponse de quinze jours pour les « demandes de financement des besoins courants des TPE et PME, dès lors que le dossier reçu est complet ». « Au-delà des montants annoncés, c'est cette dernière mesure qui me semble la plus importante », a déclaré Jean-François Roubaud, le président de la CGPME, qui reste toutefois inquiet. « Une fois les déclarations faites, il faut voir comment cela redescend dans les réseaux bancaires régionaux. Il faut que les directives passent vite. »Un objectif qui laisse perplexeS'il témoigne de la bonne volonté des banques, l'objectif chiffré en lui-même laisse perplexe. D'abord au regard des promesses de 2009. Les banques qui avaient signé une convention de refinancement à travers la Sfef avec l'État (et qui se désignent pompeusement sous le nom de « G12 ») ont certes fait mieux que leurs voisines européennes. La progression de l'encours global de crédit à l'économie a atteint 2,7 % (+ 4,5 % pour les ménages ; + 10,3 % pour les collectivités locales ; et - 1,1 % pour les entreprises, dont + 2,7 % pour les TPE et PME indépendantes) pour un objectif de 3 % à 4 %. Mais en fin d'année, certaines d'entre elles auraient demandé à leurs meilleures signatures de tirer sur leurs lignes de crédit, qu'ils en aient ou non besoin, pour gonfler leurs chiffres.Une trésorerie dépendante de la conjonctureEnsuite, parce que même si l'enveloppe concerne cette fois uniquement les PME et les TPE, ce qui a priori a plus de sens, « un encours de crédit ne se pilote pas aussi facilement que cela », comme l'explique un banquier. En effet, « si l'économie redémarre, les besoins de crédits de trésorerie qui financent essentiellement les stocks et le poste clients des entreprises seront nettement supérieurs aux prévisions ». Dans la situation inverse, si le besoin en fonds de roulement reste faible, on voit mal les banques financer des pertes des PME dans le seul but de dépenser leur enveloppe de 58 milliards ! Interrogations sur l'utilisation des fonds du livret ANicole Bricq, sénatrice (PS) de la Seine-et-Marne, rappelle par ailleurs que les fonds collectés par les banques grâce au livret A et non centralisés à la Caisse des dépôts devaient en principe être affectés au financement des PME. « Le problème est que l'on ne dispose actuellement d'aucun moyen pour vérifier que cette ressource très bon marché pour les banques y est bien affectée », explique-t-elle.
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