Pôô, v'là Titeuf !

Retranscrire sur le grand écran un succès littéraire ou de la BD ? L'exercice n'est pas toujours facile. Et l'on ne compte plus les échecs, tant sont nombreux les réalisateurs à s'être fourvoyés dans ce type d'exercice, y compris les plus grands. On songe à David Lynch et sa tentative malheureuse d'adaptation de « Dune », le chef-d'oeuvre de Frank Herbert. Le dessinateur Zep, lui, a décidé de régler le problème en passant lui-même du crayon au film d'animation. Et c'est plutôt une réussite.« Titeuf, le film » (en 3D) parvient très bien à transposer l'esprit et l'univers graphique de la BD au succès phénoménal : le dixième album s'est vendu à 2.000.000 d'exemplaires. C'est dire si les « d'jeuns » attendaient avec impatience de voir leur petit héros sur les écrans. Il a fallu deux ans de travail à Zep pour y parvenir. Le dessinateur nous invite donc à retrouver un Titeuf tout désemparé parce qu'il n'est pas invité à l'anniversaire de Nadia, une fille de son école dont il est raide dingue... Le problème, c'est que ce n'est pas vraiment réciproque. Titeuf va donc tout faire pour participer à la fête. Dans le même temps, les parents de Titeuf se sont disputés et sa maman a décidé de partir quelques jours à la campagne chez ses parents. Titeuf va la voir le week-end. Les voyages en train sont l'occasion pour le garçon de laisser libre cours à son imagination.On rigole bien, ici. Intelligemment, Zep n'a pas trop forcé sur l'aspect « caca boudin » que les détracteurs de Titeuf mettent souvent en avant. En revanche, le dessinateur a conservé ce vocabulaire si particulier qui fait le charme de son personnage, comme le fameux « pô » - qui signifie « pas » en vrai français. Idem pour les fautes de syntaxe ou les erreurs de vocabulaire qui font parfois beaucoup rire. On retrouve également tout l'entourage de Titeuf - véritable Petit Nicolas des temps modernes, en plus déluré tout de même - ainsi que ses copains : Vomito et Manu (son « meilleur-meilleur copain préféré »). Zep a aussi introduit quelques trouvailles qui permettent de sortir Titeuf de la cour de récré. Les rêves du gamin sont ainsi des prétextes à transposer l'action au Far West ou aux temps préhistoriques. Côté musique, on est également gâté avec une bande-son signée Jean-Jacques Goldman. Le compositeur a fait venir du beau monde. Tel Johnny Hallyday (très bien dessiné) qui apparaît dans un rêve de Titeuf et interprète un bon blues « La route est ta seule amie ». Goldmam lui-même s'y colle en chantant en quatuor avec Cabrel, Souchon et Bénabar. Et on reste pantois face au rap au titre tout à fait « titeufien » : « Lâchez-moi le slip ».Une réalisation de très bonne facture donc, où l'on s'amusera à reconnaître les « voix » de Jean Rochefort, Zabou Breitman, Michael Lonsdale... Rien que ça.
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