L'économie française a essentiellement besoin d'emplois peu qualifiés

Passe ton bac d'abord ! La formule pourrait bientôt être désuète. Alors que le gouvernement tente de maintenir la France dans le peloton de tête des économies développées en stimulant l'innovation, l'essentiel de ses besoins de main d'oeuvre sont peu qualifiés. Selon l'enquête sur les besoins en main-d'oeuvre 2011 dévoilée par Pôle emploi et le Crédoc, l'essentiel des 1,542 million de projets de recrutements formulés par les 428.400 employeurs potentiels sont des postes peu qualifiés. Concrètement, les entreprises recherchent 74.632 ouvriers qualifiés dans l'industrie et 28.850 ingénieurs et cadres d'études. Mais l'économie a surtout besoin de 64.501 agents d'entretien de locaux, de 51.423 aides à domicile et aides ménagères, de 25.226 ouvriers non qualifiés dans l'emballage et la manutention... À elle seule, l'hôtellerie-restauration est le premier recruteur, avec 13 % des embauches envisagées. Manque de motivationProblème, l'inadéquation entre l'offre et la demande est forte sur le marché du travail, ce qui explique les difficultés des entreprises à recruter, notamment dans la construction, et le nombre toujours élevé de chômeurs même si Pôle emploi table sur une légère reprise des embauches en 2011. Selon ses calculs, le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A, qui ne déclarent aucune activité, devrait diminuer de 55.000 en 2011 et de 71.000 en 2012. Pour mémoire, en 2009 et 2010, Pôle emploi a enregistré 497.000 chômeurs supplémentaires. Outre l'inadéquation du profil des candidats, l'enquête avance aussi sur leur manque d'expérience ou de diplôme pour expliquer ces difficultés. Un problème de motivation est aussi évoqué. Sachant que le taux d'accès d'une génération au baccalauréat s'est élevé à 65,5 % en 2010, que correspondre aux besoins du marché de l'emploi ne garantit pas l'obtention d'un emploi pérenne - 39 % des besoins sont liés à une activité saisonnière et 45,3 % seulement des projets à durée indéterminée - ce problème de motivation peut être facilement expliqué. Résultat, sept employeurs sur dix regrettent une pénurie de candidats. Ils n'étaient que quatre sur dix en 2010. Cette tendance à la déqualification des embauches, déjà soulevée par Pierre-Antoine Gailly, le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris (« La Tribune » du 11 mars) peut-elle se poursuivre ? Karine Berger, chez Euler Hermes, n'est pas totalement alarmiste. « Quand l'investissement repartira, les recrutements pour des emplois qualifiés reprendront. Mais il ne faudrait pas que cette situation perdure. Le véritable désastre de la crise de 1993 n'a pas été la chute de l'activité mais l'arrêt des embauches des jeunes diplômés entre 1994 et 1997 », rappelle-t-elle.
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