Cinq grands gérants livrent leur stratégie

Si le risque de « double dip » (récession et inflation) semble écarté en zone euro, l'horizon économique est loin d'être dégagé, notamment aux États-Unis. Sur les marchés, le manque de direction pèse sur les allocations d'actifs. Interrogées par « La Tribune », Allianz Global Investors (Allianz GI), Amundi, Axa Investment Managers (Axa IM), BNP Paribas Asset Management (BNPP AM) et Natixis Asset Management (NAM) exposent leur allocation.- - - -ACTIONS- - - - -« L'environnement est défavorable aux actifs risqués », constate Vincent Treulet, stratégiste de BNPP AM. Le spécialiste a pris un biais plus défensif en sous-exposant les actions des pays développés (États-Unis, zone euro et Japon). Chez Allianz GI, « dans un portefeuille 50/50, nous sommes aujourd'hui sous-exposés sur les actions (45 %) car il n'y a pas de moteur à la hausse », explique Franck Dixmier, directeur de la gestion. « Alors que les marchés semblaient bien valorisés, les résultats des sociétés ont été, dans l'ensemble, meilleurs que prévus, note Christian Rabeau, directeur de la gestion chez Axa  IM. Mais il y a un manque de conviction pour les revaloriser compte tenu d'une très forte aversion au risque ». Après avoir été surpondérée en début d'année, la filiale de l'assureur est aujourd'hui neutre sur les actions. Tout comme NAM, qui revient sur les actions euro, car « à moyen terme, notre conviction est une croissance molle mais positive et les actions pourraient surprendre à la hausse, déclare Franck Nicolas, directeur de l'allocation d'actifs et de l'ALM. En revanche, à court terme, les marchés actions sont capés par les craintes d'une rechute de la croissance américaine et continueront à évoluer sans tendance claire ». Ce manque de direction est « plus favorable aux arbitrages à l'intérieur des trois grandes classes d'actifs mais aussi géographique, sectoriel et au stock-picking », affirme Patrick de Fraguier, responsable de la stratégie chez Amundi. Depuis cet été, « nous avons opéré un rebalancement significatif au sein des actions en faveur de la zone euro qui semble plus solide sur le plan macroéconomique que les États-Unis. Nous sommes donc surpondérés sur cette zone et neutre sur les États-Unis », annonce Patrick de Fraguier. Ce dernier est légèrement optimiste car les valorisations sont historiquement attractives, le rendement des dividendes est correct et des acquisitions de taille ou avec des primes se réalisent de nouveau. Une classe d'actifs rencontre toutefois les faveurs des gérants : les émergents. Si BNPP AM est neutre tactiquement en raison de leur corrélation avec les actions des pays développés, NAM indique y revenir, tandis que les autres maisons les surpondèrent dans leur allocation tactique.- - - - -OBLIGATIONS- - - - -Pour Franck Nicolas, « l'obligataire restera ferme tant qu'il n'y aura pas de visibilité sur l'économie américaine, même si, à ces niveaux, ce marché est dangereux ». Il surpondère cette classe d'actifs (52 %) en raison du levier induit par un rallongement de la duration. Franck Dixmier affiche aussi une duration plus longue avec une surexposition entre 110 % et 120 % par rapport à la sensibilité de l'indice et surpondère le bund. « Le ralentissement de la croissance, une faible inflation et le report de la remontée des taux courts sont favorables aux emprunts d'État », indique Vincent Treulet. Mais peu sont les professionnels à avoir anticipé des taux aussi bas. « Lorsque les dividendes des actions sont supérieurs aux rendements des emprunts d'État, on entre en général dans des zones d'excès », estime Christian Rabeau. Les taux sont-ils allés trop bas, trop vite ? « Oui, répond Jérôme Broustra, directeur de la gestion taux chez Axa IM. Il y aura un ajustement dans les mois qui viennent, le mouvement sur la partie longue de la courbe étant complètement intégré par les marchés. » Axa IM envisage de sous-pondérer les emprunts d'État de la zone euro et américains. « Ce n'est pas sûr, pense Franck de Fraguier. Une étude de la Banque d'Angleterre montre que l'annonce d'achats directs d'obligations par une banque centrale peut entraîner une baisse des taux de 100 points de base. Or nous sommes à mi-chemin. » Il préfère les emprunts d'État de la zone euro, mieux notés, et a réduit le poids du souverain américain et des obligations indexées sur l'inflation. Sur la dette émergente (lire ci-dessous) et le crédit corporate, les spécialistes s'accordent pour dire qu'il y a de la valeur. Les bilans des entreprises sont sains, aucun retournement violent sur les profits n'est anticipé, le taux de défaut baisse. « Nous sommes surexposés et principalement sur la partie courte de la courbe car moins volatile », explique Jérôme Broustra. Chez Amundi, on continue de surpondérer les entreprises via le crédit pour des questions de rendement et de facteurs fondamentaux. Quant à BNPP AM et Allianz GI, elles sont respectivement légèrement à l'achat sur le high yield (haut rendement) pour des raisons de portage et neutre sur les obligations en euro notées investment grade.
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