Les cimentiers vigilants sur les importations

Alors que les importations de ciment et, dans une moindre mesure, de clinker (le mélange de calcaire et d'argile qui est la matière de base du ciment) montent en puissance en France, le Syndicat français de l'industrie cimentière (Sfic) se dit « serein mais vigilant », par la voix de son président Bruno Carré. Ciments Kercim, un importateur installé à Saint-Nazaire, a certes obtenu une autorisation portuaire pour broyer du clinker, qui, à la différence du ciment, se transporte aisément. Mais, le projet d'un de ses homologues, Cap Vrac, qui s'était installé à Fos-sur-Mer, n'a pas abouti. Au-delà, le modèle économique de Kercim paraît difficilement tenable car il joue surtout sur le fait qu'il n'est pas soumis aux quotas d'émission de CO2, à l'inverse de ses homologues en France.Bruno Carré ne manque pas, en revanche, de réaffirmer que les quotas d'émission de CO2 imposés à l'industrie européenne (à raison de 15 euros la tonne de CO2, sachant que la production d'une tonne de ciment libère 700 kilos de CO2), dont le prix pourrait doubler à partir de 2013, peuvent susciter des distorsions de concurrence préjudiciables à l'industrie locale, mais aussi au développement durable. « À 20 euros la tonne de CO2, même si le coût de transport est élevé, une usine à Shanghai devient aussi compétitive sur le marché français qu'une usine au Havre car elle ne paye pas de quota d'émission», assure-t-il, alors que le transport génère une pollution bien réelle.Dans le même temps, il concède que, si des producteurs étrangers pourraient s'engouffrer dans la brèche que leur ouvrent les importateurs de clinker, ce phénomène devrait rester marginal. En revanche, Bruno Carré fait valoir que si le prix de la tonne de CO2 venait à doubler, les investissements des cimentiers en Europe dans de nouvelles capacités risquent d'être freinés. Tout est, en fait, une question de curseur : le Sfic évalue le potentiel de réduction des émissions de CO2 par l'industrie cimentière en Europe à 10 %. Or les quotas à venir pourraient impliquer une réduction des émissions de 20 % à 30 % difficile à atteindre. Au demeurant, le coût des quotas pour cette industrie serait loin d'être aussi pénalisant qu'elle le dit : à 30 euros la tonne de CO2, il serait inférieur à 100 millions d'euros à comparer à un chiffre d'affaires en France de 2 milliards d'euros. Sophie Sanchez 15 euros la tonne de CO2, sachant que la production d'une tonne de ciment libère 700 kilos de CO2.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.