Éric Besson rend un jugement de Salomon sur Eurodif

À peine installé à la tête du tout nouveau ministère chargé de l'énergie, Éric Besson a tenu à incarner la volonté du gouvernement de reprendre en main la filière nucléaire en exerçant de façon plus marquée sa tutelle. Il a finalement déclaré le 3 décembre qu'EDF et Areva « étaient tombés d'accord sur les termes opérationnels de fonctionnement de l'usine Eurodif d'ici à fin 2012 », au terme de deux visites sur place, dans son ancienne circonscription.Dix jours après sa nomination, Éric Besson avait annoncé sur une radio que l'État avait rendu son arbitrage dans le conflit qui oppose depuis près d'un an EDF et Areva au sujet de l'usine Eurodif d'enrichissement d'uranium du Tricastin (Drôme). Sauf que le mercredi 24 novembre, les deux entreprises publiques avaient semblé découvrir la nouvelle en même temps que les auditeurs. Il a encore fallu près de dix heures, vendredi 3 décembre, aux deux frères ennemis pour... rédiger un communiqué commun de quelques lignes. « Véritable arbitrage »En fait, ni EDF ni Areva n'est satisfait. « Preuve que c'est un véritable arbitrage », se félicite l'entourage du ministre. Explication : Areva voulait qu'EDF, client de 60 % de la production de l'usine, continue à acheter l'uranium enrichi dans cette usine en 2011 et 2012, les deux dernières années d'activité d'Eurodif avant l'entrée en service de la nouvelle installation Georges Besse II. EDF s'y refusait catégoriquement, expliquant qu'il avait passé pour les deux années en question des contrats avec d'autres fournisseurs, dont le russe Tenex, puisqu'Areva lui avait notifié depuis longtemps sa décision de fermer Eurodif à la fin 2010. Une décision qui convenait par ailleurs à l'électricien car il pouvait alors récupérer ses deux réacteurs du Tricastin entièrement dédiés à l'approvisionnement d'Eurodif. Et vendre ailleurs, beaucoup plus cher, l'électricité ainsi produite. Au final, Eurodif va continuer à 25 % de ses capacités, ce qui permettra à EDF de récupérer un de ses deux réacteurs. Et l'électricien n'est pas obligé d'acheter la production. « On va trouver d'autres clients », soupire Areva. Seuls vrais vainqueurs : les 500 emplois menacés par une fermeture anticipée. Les syndicats n'en semblent toutefois pas encore convaincus. Marie-Caroline Lopez
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