Islande : un référendum sensible sur le remboursement de la dette

Le gouvernement islandais s'employait, ce mercredi, à calmer le jeu auprès de la communauté internationale. Il faut dire que la décision annoncée la veille par le président Olafur Ragnar Grimsson de refuser de promulguer la loi sur le remboursement d'une dette de près de 4 milliards d'euros, vis-à-vis du Royaume-Uni et des Pays-Bas, avait fait l'effet d'une bombe. L'Islande doit en effet rembourser des fonds accordés fin 2008 aux investisseurs locaux par Londres et La Haye, au moment où, en pleine tourmente financière, les banques islandaises faisaient faillite. « Il ne s'agit pas de savoir si nous allons payer, s'insurge Olafur Isleifsson, professeur d'économie à l'université de Reykjavik, mais comment nous allons le faire. » Le remboursement de la dette entraînerait en effet une augmentation de la dette équivalant à 40 % du PIB, soit 12.000 euros par habitant. Selon Olafur Isleifsson, ce n'est pas la volonté de payer qui manque, mais la crainte que la crise, dont n'est pas encore sortie l'île, ne le permette pas. « Il faudrait réduire les dépenses de santé et d'éducation et relever les impôts, le tout dans un contexte de taux de chômage à 7 %, ce qui est très élevé pour nous », précise-t-il. Or il est dans l'intérêt de tous, et en particulier de l'Europe, que l'économie islandaise se reprenne, conclut l'expert. 2009 restera, à cet égard, une année noire, avec une contraction de l'activité proche de 10 % et un déficit budgétaire atteignant 13 % du PIB.décision vendrediUn premier texte, adopté cet été, offrait des conditions suspensives pour le remboursement en fonction de la conjoncture. Face à la levée de boucliers britanniques et néerlandais, il avait été amendé par les parlementaires, contraints d'abandonner les conditions suspensives. Une menace que n'a pas acceptée le président Grimsson. Reste à savoir maintenant comment les choses vont évoluer. Selon la Constitution islandaise, le président doit consulter le peuple. Le gouvernement se réunit vendredi pour confirmer la date du 20 février pour un référendum. Or selon les sondages, les trois quarts de la population seraient opposés aux conditions du remboursement : un « non » au référendum risque de compliquer la situation pour Reykjavik, qui a déjà dû faire face, mercredi, à la mise sous surveillance négative de la note souveraine du pays par l'agence de notation S&P. Pourtant, les observateurs islandais n'ont pas perdu tout espoir de dénouer la crise. Ils préconisent l'intervention d'une troisième partie, appelée à jouer le rôle de médiateur entre l'Islande et les deux pays créanciers, un scénario qui aurait le mérite d'éviter la tenue d'un référendum. « L'Union européenne aurait un rôle à jouer pour trouver une solution à un problème avant tout politique », estime le professeur Olafur Isleifsson. D'ailleurs, d'aucuns faisaient remarquer que ce n'était pas un hasard si, à quelques mois des élections britanniques, le gouvernement de Gordon Brown faisait énormément de publicité autour de cette affaire?
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