Un pays victime du syndrome de la grenouille

Les malheurs de l'Islande ne sont pas sans rappeler la célèbre fable de Jean de La Fontaine du b?uf et de la grenouille. Le système bancaire du petit État insulaire a été clairement victime de la folie des grandeurs de Reykjavik, À moins que ce ne soit le contraire ! « La chétive pécore s'enfla si bien qu'elle creva », conclut le poète du XVIIe siècle. Avant que n'éclate la crise, le bilan des banques islandaises approchait 1.000 % du PIB. Les engagements des trois banques nationalisées en 2008 (Glitnir, Landsbanki et Kaupthing) représentaient 600 % du PIB. Pour atteindre une taille aussi démesurée, les banques islandaises levaient massivement de l'argent sur les marchés financiers en euros ou en livres sterling. Lorsque les spéculateurs ont commencé à attaquer la couronne islandaise, la chute de la devise a provoqué la faillite des banques, les dettes ayant été contractées en devises étrangères. « Mais comme le système financier était totalement disproportionné, l'État s'est retrouvé dans l'impossibilité de garantir ses banques », constate Anton Brender, chef économiste de Dexia Asset Management.sous tutelle du FMILe pays, qui n'est pas membre de la zone euro, a dû recourir à des prêts de la Russie, la Banque centrale européenne ou la Réserve fédérale ayant refusé de voler à son secours. L'Islande est aujourd'hui sous tutelle du FMI qui lui a accordé un prêt de 2,1 milliards de dollars en novembre 2008 dont il n'a jusque-là débloqué que 1,1 milliard de dollars : l'institution a affirmé mardi qu'elle allait « consulter » ses États membres sur la suite qu'ils souhaitaient donner au prêt accordé à l'Islande.Durement touché par l'éclatement de la bulle immobilière, l'Irlande a connu un scénario assez similaire. « Mais son appartenance à la zone euro et la taille plus raisonnable de son système bancaire lui ont permis d'éviter le pire », explique Jean-Louis Mourier, économiste de la société d'investissement Aurel.« La crise islandaise pose plus largement la question de l'hypertrophie du secteur financier dans certains pays », estime Christian de Boissieu, président du Conseil d'analyse économique (CAE). Deux pistes sont explorées. Lord Adair Turner, le patron britannique du Financial Service Authority (FSA), a proposé cet été de taxer les transactions financières pour dégonfler le secteur financier. L'autre solution consiste évidemment à renforcer les fonds propres des banques. Xavier Harel
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