Xavier Huillard,

Une page s'est tournée chez Vinci. Xavier Huillard, 55 ans, jusqu'ici directeur général, a été nommé jeudi PDG du premier groupe mondial de construction et de concessions, à l'issue de l'assemblée générale des actionnaires. Sa nomination clôt définitivement la crise qui avait secoué le groupe en juin 2006 lorsque Antoine Zacharias avait été poussé à la démission. « Si, à l'époque, la dissociation des pouvoirs [entre un président du conseil d'administration et un directeur général, Ndlr] constituait le meilleur mode de gouvernance, cette formule de transition ne pouvait durer sauf à induire une confusion sur le détenteur du commandement de la sociét頻, a noté le président sortant, Yves-Thibault de Silguy. Ce dernier a fait valoir ses droits à la retraite, mais le groupe a créé pour lui un statut baroque de « vice-président administrateur-référent ».acquisition stratégiqueEn 2006, Xavier Huillard l'avait emporté face à Antoine Zacharias, mais il lui fallait asseoir sa légitimité. En quatre ans, il a gagné ses galons de patron du CAC 40. « Il a prouvé qu'il était capable de reprojeter Vinci dans le futur », fait valoir un observateur. De fait, il a mené plusieurs acquisitions (Solétanche Bachy (fondations spéciales), Entrepose Contracting (parapétrolier), Nukem (nucléaire), Vossloh (ferroviaire)), qui ont permis à Vinci d'étoffer ses métiers. Il a réalisé en août 2009 un superbe coup en emportant Cegelec (énergie) alors que l'efficacité énergétique devient un enjeu stratégique, tout en faisant entrer le fonds souverain Qatari Diar à son capital. Le groupe a emporté en mars un succès majeur dans les concessions ferroviaires en étant désigné adjudicataire pressenti pour la ligne TGV Tours-Bordeaux, un projet à 7,8 milliards d'euros. Le « modèle Vinci » qui conjugue les activités de travaux de court-moyen terme et la récurrence offerte par les revenus des autoroutes et des parkings a fait la preuve de sa robustesse face à la crise. Toutefois, Xavier Huillard n'a pas réalisé d'acquisition qui aurait transformé le groupe comme Bruno Lafont l'a fait chez Lafarge avec Orascom. Vinci accuse dans le nucléaire du retard sur Bouygues, qui édifie les EPR de Flamanville et d'Olkiluoto. S'il reste en embuscade dans Aéroports de Parise Paris, dont il détient 3 %, il n'est pas dit que Xavier Huillard puisse rééditer avec ADP ce qu'Antoine Zacharias avait fait en achetant Autoroutes du Sud de la France tant les aéroports parisiens sont stratégiques. Au-delà, malgré un carnet de commandes record de 26 milliards d'euros, les années à venir s'annoncent délicates, la crise financière ayant contaminé les États. Vinci, présent dans les autoroutes en Grèce, assure à cet égard que sa perte potentielle atteindrait au maximum 18 millions d'euros. Il reste que, dans un contexte où les niveaux d'endettement par rapport aux PIB sont élevés, la capacité des États à lever de la dette sera plus limitée. Or Vinci est dépendant de la commande publique. La croissance en Europe de l'Est risque d'être affectée tandis que les marges de flexibilité en France seront plus réduites. « Les budgets des collectivités locales se sont tendus », a relevé jeudi Xavier Huillard. projet en IndeDans cette période « incertaine et éprouvante », le PDG entend rester très vigilant sur les marges, et « faire porter les efforts sur les métiers de niche à marges plus élevées et la croissance à l'international ». Écartant toute possibilité de travailler en Chine sauf sur des « niches technologiques », il étudie en revanche la possibilité de se porter candidat à la réalisation de concessions d'autoroutes en Inde. Un défi de la grande exportation que Xavier Huillard connaît bien, mais difficile à mener.
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