Plombé par les difficultés de l'Avandia, GSK veut rendre sa recherche plus productive

« Mon objectif est d'augmenter la productivité de la recherche et développement (R&D). Je suis prêt à donner des primes aux chercheurs qui trouvent des médicaments nouveaux. Mais je serai intraitable avec les équipes médiocres. » Moncef Slaoui, patron de la R&D chez GlaxoSmithKline (GSK), ne mâche pas ses mots. Dans un univers scientifique encore souvent coupé des réalités économiques - y compris dans les grands labos pharmaceutiques -, il a instauré des objectifs précis de retour sur investissement. « Je souhaite produire deux fois plus [de molécules] en 2015 [par rapport à 2006, date de sa nomination, Ndlr] sans modifier notre budget annuel de R&D de 3,5 milliards de livres (4,2 milliards d'euros), soit 14 % du chiffre d'affaires. Nous possédons déjà 30 projets en phase d'essais cliniques tardifs (phases IIb et III ) contre huit en 2006 », a souligné lundi le dirigeant en inaugurant un bâtiment de recherche aux Ulis (Essonne). Dédié aux maladies cardiovasculaires (diabète, obésité...), le centre se veut « l'illustration de la transformation de la R&D » du groupe, selon Moncef Slaoui. Partenariat en vueGSK a en effet été le premier, il y a quatre ans, à instaurer un modèle aujourd'hui repris par l'ensemble de l'industrie : de petites unités de recherche autonomes, dotées d'un budget précis, directement responsables en cas de succès comme d'échecs de leurs travaux. Une remise à plat du système essentielle pour regarnir les « pipelines » des labos, qui passe aussi par des réductions d'effectifs : en quatre ans, les chercheurs sont passés de 15.500 à 12.500 chez GSK. Le centre des Ulis (71 personnes) a vu ses effectifs fondre de 30 % l'an dernier. « Cela répond au besoin d'ouverture de la recherche vers l'extérieur, notamment le monde académique », plaide Moncef Slaoui, qui négocie actuellement un partenariat entre GSK et l'Aviesan, le groupement des grands organismes de recherche publics français. La découverte de nouvelles molécules demeure critique pour GSK. Son deuxième médicament, l'antidiabétique Avandia (920 millions d'euros de ventes en 2009) soupçonné depuis deux ans d'accroître le risque cardiovasculaire, est menacé de retrait du marché au Royaume-Uni. L'Agence européenne du médicament doit se prononcer fin septembre. Ironie du sort, le seul produit issu de la recherche du centre des Ulis est le Cialis, un rival du Viagra. GSK, non convaincu, l'avait prématurément cédé à l'américain Lilly. L'an dernier, il a rapporté à ce dernier... 1,5 milliard de dollars. Audrey Tonnelie
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