Eric Heyer : "Vers un vrai choc de compétitivité, mais en 2014"

Le pacte pour la compétitivité de Jean-Marc Ayrault, caractérisé par un allègement progressif des charges des entreprises de 20 milliards par an, vous paraît-il être une bonne solution?Oui, car le gouvernement joue sur le même ressort que la baisse des cotisations préconisée par le rapport Gallois. Sauf qu’ici, c’est la temporalité qui change. Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi du gouvernement sera effectif en 2014, avec l’allocation d’une enveloppe de 10 milliards d’euros. En clair, le fameux choc d’offre a été décalé d’un an. Je trouve que c’est une bonne chose, car ce dispositif intervient alors que nous sommes confrontés à une crise de la demande, comme en témoignent les entreprises dans les dernières études de l’Insee.Pour autant, le dispositif sera-t-il suffisant? La hausse de la TVA risque de plomber la demande. Sachant que l’ampleur du dispositif (20 milliards par an, mais seulement 10 milliards en 2014) paraît en deçà des attentes des entrepreneurs…C’est vrai que le gouvernement aurait pu aller plus loin. 20 milliards, cela peut sembler insuffisant. Mais lorsqu’on octroie 20 milliards aux entreprises, ce sont effectivement les ménages qui en payent la facture [notamment via une hausse de la TVA, Ndlr]. En choisissant un dispositif de réduction des charges qui monte progressivement en puissance, je pense donc que le gouvernement a agi intelligemment. En premier lieu, il fait son possible pour la demande ne se dégrade pas. Comme la baisse des charges sera proportionnelle à la masse salariale, les entreprises n\'ont pas intérêt à licencier. Sachant qu’en 2014, l’économie française sera vraisemblablement encore en crise, avec un taux de chômage autour de 11%... Puis après, il s’attaquera à l’offre, lorsque son dispositif fonctionnera à plein régime. Selon ce scénario, nous aurons alors un vrai \"choc de compétitivité\" en 2014, voire 2015.D’après vous, le rapport Gallois avait donc tout faux…Il faut savoir adopter la politique économique à la conjoncture. En pointant le coût du travail, la nécessité de réduire les charges, le diagnostic du rapport Gallois était bon, mais il aurait été le même en 2007… Il ne prenait pas en compte la situation d’aujourd’hui. Et encore une fois, le gouvernement ne pouvait pas faire peser d’emblée un choc de 20 milliards d’euros sur les ménages, après les 30 milliards d’austérité du budget 2013.La mesure concerne les sociétés dont les salaires sont inférieurs à 2,5 fois le Smic. L’industrie devrait donc en profiter…De manière générale, les secteurs qui disposent d’une masse salariale importante seront les plus avantagés. L’industrie en fait donc partie.
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