À la recherche du fonctionnement d'une démocratie

En 1861, l'auteur de « l'utilitarisme » et « De la libert頻 s'interroge sur la meilleure forme de gouvernement pour représenter le peuple. Ses « Considérations sur le gouvernement représentatif » frappent par leur actualité quant aux racines mêmes de la démocratie. John Stuart Mill, qui fut aussi élu et haut fonctionnaire, cherche une voie entre une « démocratie radicale » découlant de la participation populaire et celle conduite par la compétence et la connaissance d'élus et d'experts ?uvrant au bien du peuple. Stuart Mill se méfie en effet du pouvoir dictatorial que peuvent imposer les majorités sur les minorités. À cet équilibre aporétique, Stuart Mill s'efforce en bon utilitariste de fournir des solutions pratiques à travers une réflexion sur le rôle central du vote comme moyen de représentation dans un régime démocratique. R. Ju.« Considérations sur le gouvernement représentatif », par John Stuart Mill. Éditions Gallimard (312 pages, 24,90 euros).Le « néolibéralisme » n'est pas un spectre, il a bien une histoire. Il naît en 1938, les 26 et 30 août à Paris, lors d'un colloque dit Walter Lippman (auteur d'un essai remarqué, « la Cité libre »), qui réunit 26 économistes. Ils vont discuter de la refondation d'un libéralisme capable de répondre aux problèmes de l'époque : la montée du nazisme et du « collectivisme ». On trouve là Raymond Aron, Friedrich Hayek, Ludwig von Mises ou encore Jacques Rueff. En fait, cette « internationale » libérale, qui se poursuivra à travers la création de La Société du Mont-Pèlerin en 1947, va ?uvrer à réhabiliter la politique du « laissez-faire » du XVIIIe siècle, qui trouvera son apogée avec Margaret Thatcher et Ronald Reagan. On doit à un jeune chercheur, Serge Audier, la réédition des actes de ce colloque fondateur, qu'il accompagne d'une substantielle introduction critique. R. Ju.« Aux origines du néolibéralisme. Le colloque Lippmann », par Serge Audier. Éditions Le Bord de l'eau (350 pages, 18 euros).On doit aussi à l'infatigable Serge Audier la traduction accompagnée du classique, mais méconnu et singulièrement actuel, « Socialisme libéral » de Carlo Rosselli (1899-1937), rédigé durant sa relégation par le pouvoir fasciste italien sur l'île de Lipari. Cet intellectuel et homme politique italien, influencé par les idées du républicain et révolutionnaire Giuseppe Mazzini (1805-1872), rejette les idées en vogue de Marx et de Lénine, notamment la dictature du prolétariat. Au contraire, il défend une politique d'orientation résolument réformiste et libérale, seule capable à ses yeux de produire les transformations sociales nécessaires à assurer une vie commune des citoyens basée sur la justice et le pacifisme. Combattant en Espagne républicaine, il sera aussi influencé par les idées libertaires de son compatriote anarchiste Camillo Berneri, assassiné à Barcelone par la police secrète de Staline. Figure attachante, Carlo Rosselli connaîtra une fin tragique avec son frère Nello. Ils seront, eux aussi, assassinés en France par des cagoulards, probablement sur ordre de Mussolini. Dans une imposante postface informée et polémique, Serge Audier met en perspective le social-libéralisme né de la troisième voie de Tony Blair. R. Ju.« Socialisme libéral », par Carlo Rosselli. éditions Le Bord de l'eau. (526 pages, 22 euros).
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