Utile, le nouveau G20 ?

Faire du G20 le principal forum de concertation et de coopération au plan mondial comporte au moins trois conséquences. Il doit assez rapidement conduire à la disparition du G7-G8. Qu'il s'agisse de taux de change, de commerce, de climat... quel sens cela a-t-il d'avoir la Russie autour de la table dans le cadre du G8, et pas la Chine, pas l'Inde, aucun représentant de l'Afrique ? Le G20 est la traduction institutionnelle, pas la seule d'ailleurs, des nouveaux équilibres mondiaux. Il doit devenir le lieu de synthèse d'un certain nombre de négociations internationales dispersées depuis l'après-Seconde Guerre mondiale entre différentes instances, clubs et autres organisations. Il permet de reglobaliser pour la diplomatie économique, commerciale, monétaire et financière ce qui a été assez artificiellement segmenté entre le FMI, la Banque mondiale, l'OMC, l'OIT et le BIT, etc. Il faudra donc le doter des moyens lui permettant de s'installer définitivement dans le système de gouvernance mondiale, avec un secrétariat permanent. La présidence française souhaite avancer significativement en 2011 sur cette question. Une grande faiblesse du G20 est la sous-représentation de l'Afrique : un seul pays africain, l'Afrique du Sud, alors que l'Union africaine rassemble 53 pays ! Tous les critères - économiques, démographiques, géopolitiques... - devront conduire à accroître rapidement la représentation du continent africain, au détriment d'autres continents surreprésentés. Car élargir le G20 au-delà des participants actuels qui, avec les organismes internationaux, se rapprochent en pratique de 30, pourrait faire perdre les avantages d'une concertation plus opérationnelle que celle opérée sur une plus vaste échelle. Une fois acquis le principe du passage de 1 à, par exemple, 3 représentants pour le continent africain, il resterait à se mettre d'accord sur les critères de choix.Le G20 s'installe comme le forum économique mondial privilégié. Il y est en effet question de croissance, de commerce, de taux de change, de développement, d'environnement... Le risque est la dispersion. Mais il existe aussi une opportunité de faire la synthèse de questions trop séparées et de négociations internationales éclatées entre de multiples enceintes.La plupart des chantiers restent ouverts. Les pays se sont engagés à s'abstenir de dévaluations compétitives. Par-delà les mots, c'est à l'aune des politiques menées que l'on jugera de la valeur de l'engagement. Tout va dépendre des politiques monétaires. Or, nous sommes loin d'une démarche coopérative entre les grandes banques centrales : les États-Unis vont probablement continuer à jouer le recul du dollar, même s'ils vont répétant l'inverse ; la Chine n'a pas pris d'engagement précis sur la réévaluation du yuan, même si cette réévaluation pourrait être la bonne surprise de 2011.De son côté, la France met à l'ordre du jour du G20 la volatilité des prix des matières premières, en particulier des produits agricoles. Des mesures visant à renforcer la transparence et à limiter la spéculation sur ces marchés pourraient être adoptées assez vite tant le diagnostic paraît partagé.Enfin, la présidence française doit contribuer à mieux articuler les différents étages de la fusée : d'une part, une meilleure cohérence entre l'ébauche de gouvernance mondiale et les progrès requis de la gouvernance européenne ; d'autre part, une meilleure interface entre le G20 et les différents organismes internationaux. Il y va, avec ce dernier point, de la crédibilité de la gouvernance mondiale en gestation.
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