« Nous serons prêts à proposer une loi européenne pour imposer des quotas »

STRONG>Viviane Reding, vice-Présidente de la Commission européenne en charge des droits fondamentauxPourquoi menacez-vous les entreprises de leur imposer des quotas de femmes ?Ce n'est pas une démarche féministe. Je songe à amener les entreprises à se réformer pour être plus efficaces car avoir des femmes à tous les échelons de la prise de décision renforce la capacité de l'entreprise à être bénéficiaire. Toutes les études scientifiques, y compris celles qui viennent de Goldman Sachs, de Deutsche Bank et de McKinsey l'ont démontré. Il est donc dans l'intérêt des entreprises d'avoir plus de femmes dans le middle et le top management ainsi que dans les conseils d'administration. Comment y arriver ? Bien entendu, l'idéal serait que les entreprises ayant pris conscience de ce fait nous disent : « On va prendre une décision allant dans ce sens ... »Visiblement, vous ne semblez pas trop y croire... Que vous disent les chefs d'entreprise que vous rencontrez ?Tout d'abord, ils sont très étonnés par les résultats scientifiques que je leur présente. Jusqu'ici, ils pensaient qu'avoir plus de femmes c'était avant tout un truc féministe ! Or c'est une question éminemment économique et commerciale, dans leur intérêt. « Saisissez cette opportunité, prenez les décisions dans vos conseils d'administration pour mieux faire en sorte d'attirer les meilleures capacités, les meilleures intelligences, les plus beaux talents », voilà ce que je dis aux dirigeants d'entreprise. Pendant un an, d'ici à la prochaine journée de la femme, je vais observer si les entreprises sont capables de le faire par elles-mêmes ou s'il faut ce fameux coup de pouce politique. Si la situation n'avance pas dans l'intérêt des entreprises et de la société, alors, il faudra prendre des mesures plus coercitives.Quel type de mesures ? Des amendes ? Le retrait de la cotation en Bourse?On n'en est pas là... Le bâton, c'est bon. Mais la carotte, c'est encore meilleur. Je préférerais, dans un an, que les entreprises puissent me démontrer, à travers leurs progrès dans tous les États membres, qu'une loi européenne n'est pas nécessaire. Bien entendu, je suis consciente que l'on ne peut pas, si je dis 30 % de femmes en 2015 et 40 % en 2020, changer du jour au lendemain. Mais le remplacement d'un homme qui sort d'un conseil d'administration par une femme, par exemple, peut constituer un signe de volonté politique. Ma volonté politique est claire et elle doit être rejointe par la volonté au sein des entreprises. J'attends donc ce que me diront les conseils d'administration, sachant que l'année prochaine, nous serons prêts à proposer une loi européenne pour imposer des quotas dans les firmes cotées en Bourse.Propos recueillis par Yann-Antony Noghès, à Bruxelle
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