C'est l'équation inconnue pour les compagnies aériennes européennes. Les très fortes hausses de capacités que les mastodontes du secteur ont prévu pour la saison estivale (fin mars-fin octobre) ne vont-elles pas devenir sur-dimensionnées si la hausse des prix des billets d'avions liée à la flambée du baril devait peser sur la demande ? C'est le scénario qui menace Lufthansa (+ 11 % de sièges kilomètres offerts, British Airways (entre + 7 % et + 8 %) et à un degré moindre Air France-KLM (+ 5,7 %).En cas de ralentissement du trafic, les compagnies seront obligées de réduire leurs capacités, comme l'ont déjà fait certains transporteurs nord-américains. Alors que le baril de Brent flirte avec les 110 dollars, certains analystes estiment qu'au-delà de ce seuil, il sera très difficile de faire passer les surcharges tarifaires aux voyageurs. Pour l'heure, ils y parviennent dans l'ensemble (beaucoup plus facilement en Asie, à l'exception du Japon). Le trafic résiste bien. « Et les réservations pour les prochaines semaines se tiennent peu ou prou tant en volume qu'en qualité de recettes », explique le même analyste. Et d'ajouter : « Jusqu'à 110 dollars le baril les compagnies peuvent surmonter l'écueil du carburant, À ce niveau, Air France-KLM par exemple, peut compenser entièrement l'augmentation de la facture carburant. » Jusqu'ici, le groupe tablait sur un bond de sa facture (hors couverture) de 900 millions d'euros, à 6,7 milliards d'euros. Ceci sur la base d'un prix de la tonne à 970 dollars (127 dollars le baril) et d'une parité euro-dollar à 1,36.La faiblesse du dollar par rapport à l'euro est un atout pour les transporteurs européens. Les couvertures carburant (achats à terme à un prix espéré moins cher que le marché), en sont un autre, même si tous ne sont pas protégés de la même manière. Pour l'exercice 2011-2012, Ryanair est la mieux protégée en Europe. La compagnie à bas coûts a en effet couvert 80 % de ses besoins, à 800 dollars la tonne (105 dollars le baril). De quoi faire pâlir IAG, l'entité qui coiffe British Airways et Iberia, dont seuls 13 % de ses besoins en kérosène sont couverts (à 900 dollars la tonne). De fait, le reste de la consommation sera payée au prix du marché. Air France-KLM se situe entre ces deux extrêmes, avec près de 55 % de sa consommation prévue fixée au prix de 101 dollars le baril. Lufthansa est de son côté protégé à 47 % à un prix de 85 dollars le baril.Fabrice Gliszczynsk
Flambée du kérosène : la hausse des prix des billets menace le trafic
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