Le G20 hypothéqué par l'action de la Fed

À quelques heures du Sommet du G20 de Séoul, les États-Unis reçoivent une volée de bois vert pour leur politique économique et monétaire dépréciant le dollar face aux autres devises. La banque centrale américaine, la Fed, en achetant pour 600 milliards de dollars de bons du Trésor américain pour relancer l'économie, « mine l'esprit de coopération multilatéral » du G20, estiment ses partenaires, à l'instar du ministre des Finances sud-africain, Pravin Gordhan. Traditionnel allié de Washington et deuxième exportateur mondial, l'Allemagne, par la voix de son ministre fédéral allemand des Finances Wolfgang Schäuble, critique « les décisions de la Fed (qui) augmentent l'incertitude dans l'économie mondiale ». Accusant les États-Unis « d'avoir trop longtemps vécu à crédit », Schäuble s'indigne que « la politique commune de réduction des déficits, à laquelle les pays industrialisés, dont les États-Unis, se sont obligés lors du Sommet du G20 de Toronto à la fin de juin dernier », ne soit pas respectée. Il qualifie aussi d'« inacceptable » la récente proposition du secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner de limiter à 4 % maximum du produit intérieur brut (PIB) la variation de la balance des paiements courants de chaque pays. Implicitement cela signifie que des puissances exportatrices aux forts excédents commerciaux comme la Chine et l'Allemagne devraient utiliser leur politique budgétaire et leur taux de change pour soutenir leur demande intérieure. La Chine n'est pas elle non plus en reste pour clouer au pilori l'action de la Fed. « Les États-Unis doivent fournir des explications sur leur politique monétaire d'assouplissement, pour éviter de porter atteinte à la confiance de la communauté internationale sur la reprise de l'économie mondiale », réprimande le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Cui Tiankai, ajoutant : « Il faut que la Fed prenne en considération les impacts de ses décisions sur le monde, au lieu de penser uniquement à l'économie de son propre pays ». Washington sur la défensiveLe ministre brésilien des Finances, Guido Mantega dit lui que « cela ne marche pas de jeter l'argent d'un hélicoptère : cela ne va pas faire éclore la croissance »... Washington est du coup sur la défensive. Geithner jure « de ne jamais utiliser notre monnaie comme un outil pour obtenir un avantage de compétitivité ». Le président de la Fed, Ben Bernanke se défend : « Une forte économie américaine, qui se reprend, n'est pas seulement importante pour les Américains mais aussi pour la reprise mondiale ».
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