Microfinance : crise de croissance au Sud, balbutiements au Nord

La macrofinance va mal, mais la microfinance va de mieux en mieux », déclarait Michel Camdessus en préambule à la présentation de l'observatoire de la microfinance fin septembre. De fait, l'intérêt de la Vieille Europe pour les outils développés dès 1976 par la Grameen Bank de Muhammad Yunus n'a cessé de croître ces dernières années. La crise y est sans doute pour quelque chose. Le microcrédit, de même que l'auto-entreprenariat, font désormais partie de la panoplie des stratégies de relance de l'activité. à cet égard, le programme de la conférence organisée cette semaine (les 9 et 10 novembre) à Bruxelles par la Commission européenne est éloquent : la place de la microfinance et de l'entreprenariat dans la stratégie de croissance de l'Union, le rôle du soutien public dans l'encouragement de l'entreprenariat et de l'inclusion financière, ou encore l'amélioration de l'environnement pour favoriser le développement de la microfinance... Évolution du cadre législatifEn France, le microcrédit est plus développé que dans le reste de l'Europe. Un phénomène qui s'explique par la présence de trois grandes associations, l'Adie (Association pour le droit à l'initiative économique), France Active et France Initiative, toutes créées dans la deuxième moitié des années 1980. Ces dernières années, l'évolution du cadre législatif a également favorisé le développement dumicrocrédit, qu'il s'agisse de l'aménagement de la loi bancaire en 2001 (depuis, l'Adie peut prêter directement les fonds empruntés auprès des banques), de la loi Borloo qui a créé le fonds de cohésion sociale (garantie des prêts accordés aux chômeurs ou aux bénéficiaires de minima sociaux), de la loi de modernisation sociale de 2008 qui a créé le statut de l'auto-entrepreneur, ou plus récemment de la loi Lagarde qui autorise aux associations d'emprunter des fonds auprès des personnes physiques pour financer des microcrédits professionnels.Bruxelles n'est pas en reste, qui a décidé en juillet 2009 d'affecter pour quatre ans 100 millions d'euros à la création d'un programme baptisé « l'instrument européen de microfinancement ». Objectif : soutenir des chômeurs désirant créer leur entreprise mais n'ayant pas accès au crédit. Cette initiative, lancée conjointement avec la Banque européenne d'investissement (BEI), pourrait potentiellement mobiliser un total de 500 millions d'euros, selon Bruxelles. Mais pour la présidente de l'Adie, Maria Nowak, « on est encore loin de ce qui pourrait constituer un cadre véritablement porteur ». Ainsi, parmi les pays qui gèrent des fonds structurels, rares sont ceux qui les utilisent pour accompagner le développement du microcrédit. Pour Maria Nowak, « il y a encore un gros travail de communication. En France, le rapport de l'Inspection générale des finances a montré l'intérêt du microcrédit. Mais c'est encore loin d'être le cas partout ».
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