Les subventions folles des mobiles dans le viseur du gendarme

Un BlackBerry Curve à 1 euro au lieu de 329 euros sans abonnement, un Samsung Galaxy S à 49 euros au lieu de 449 euros, un iPhone 3GS à 119 euros contre 529 euros : les sites Web des opérateurs mobiles regorgent d'offres attrayantes faisant miroiter une remise de 300 à 400 euros pour s'équiper d'un smartphone dernier cri. À condition de souscrire un forfait mensuel de plusieurs dizaines d'euros, en général sur 24 mois. Le consommateur fait-il réellement une si bonne affaire au bout du compte ? L'Arcep, le régulateur des télécoms, en doute. Le gendarme du secteur a « le pressentiment que l'économie entre le prix nu et le prix avec subvention est factice, trompeuse pour le consommateur, et sert seulement à l'inciter à s'engager. » Il souhaite « mettre un terme à ce monde opaque », indique un proche du dossier. Fruit d'un savant calcul« Le prix nu ne veut rien dire, le prix payé par les opérateurs dépend des accords signés avec les constructeurs, s'ils ont l'exclusivité ou pas, etc. », observe Edouard Barreiro, de l'UFC-Que Choisir. Selon un fin connaisseur du secteur, le prix de gros auquel l'opérateur acquiert le téléphone auprès du constructeur est en général « inférieur de 50 % à 60 % au prix nu. » En moyenne, « les subventions des opérateurs vont de 50 à 100 euros maximum pour les forfaits bloqués et jusqu'à 250 euros pour des abonnements plus coûteux », confie un constructeur. Elles sont le fruit d'un savant calcul par l'opérateur entre prix de gros, coût d'acquisition ou de fidélisation du client et durée d'engagement.L'Arcep a commencé à se pencher sur la question dans son rapport sur la loi Chatel remis au Parlement cet été. Elle avait constaté que l'écart de prix entre les forfaits de 12 et 24 mois, censé refléter la contrepartie de la durée d'amortissement plus longue du terminal pour l'opérateur, ne répondait pas à une règle claire et identique. La différence, de 5 à 6 euros en moyenne, ne semble pas justifiée et devrait plutôt s'approcher de 2 à 3 euros selon les calculs du régulateur. « Plan d'action » de l'ArcepLe président de l'Arcep, Jean- Ludovic Silicani, doit dévoiler avant la fin du mois son « plan d'action » visant à améliorer les relations entre les opérateurs et les consommateurs. Ce plan devrait inclure des dispositions sur la transparence et la lisibilité des offres mobiles, qui pourrait aller jusqu'à recommander une mesure législative, dans la continuité de la loi Chatel, obligeant les opérateurs à « séparer la partie amortissement du terminal de la partie service mobile », explique cette source proche du dossier. Le régulateur s'alarme en particulier du faible taux d'abonnés mobiles libres d'engagement, seulement 18,6 % du parc post payé au 30 septembre, contre 23,6 % il y a trois ans. Contactée, l'Autorité de la concurrence estime qu'il « serait bienvenu qu'une réflexion s'engage sur la décorrélation entre les offres de biens, les terminaux, et de services dans les télécoms ». Selon le gendarme de la concurrence, « le système actuel pousse à un renouvellement rapide des terminaux mais fige les prix vers le haut ». Il avance qu'« en séparant l'offre de location ou de financement du terminal de celle de service, cela donnerait plus de transparence au consommateur et limiterait les durées d'engagement. » Pour Edouard Barreiro, de l'UFC, « la subvention, c'est juste un crédit sur le long terme. » Toutefois, les coûts d'acquisition et de rétention ayant augmenté avec la montée en puisssance des smartphones, les mentalités et les pratiques évoluent. SFR a lancé à la rentrée une formule éco-avantage offrant quelques euros de réduction par mois sur ses forfaits si le client garde son mobile.
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