Les raisons d'un engouement

Une bénédiction ! Les milliers de milliards de dettes émis cette année par les États ont été absorbés sans problème par les habitués : banques centrales asiatiques (surtout chinoise), fonds de pension et autres fonds d'investissement. Au fil des mois, ces fidèles acheteurs de dette souveraine se sont contenté d'une rémunération modeste. En 2009, le marché obligataire a profité d'une conjonction d'événements favorables.Les placements monétaires ne rapportent rien. Dans tous les grands pays occidentaux, les taux d'intérêt appliqués par les banques centrales sont proches de zéro. Que faire lorsque l'on a du cash ? « Les institutionnels, qui ne veulent pas prendre de risques sur les actions, privilégient la dette des États, qui rapporte 3,5 % », commente Thierry Million, directeur de la gestion de taux chez Allianz Global Investors.Les banques centrales sont très actives. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, elles ont acheté respectivement 300 milliards de dollars et 175 milliards de livres de dette émise par les États afin d'éviter une saturation du marché. La BCE, pour sa part, a acquis 60 milliards d'euros d'obligations sécurisées. Ces actions contribuent à maintenir les taux à un bas niveau et empêchent qu'un afflux de titres de dette ne provoque une baisse de leur prix.Les craintes d'un réveil de l'inflation sont contenues. « Les détenteurs d'obligations ne redoutent que deux choses : l'inflation, qui mange leur capital et leur coupon, et le défaut de l'émetteur », explique Thierry Million. « Aujourd'hui, en Europe comme aux États-Unis, les marchés anticipent que l'inflation dans cinq ans tournera autour de 2,6 % à 2,7 %, ce qui reste raisonnable. Quant aux craintes de défaut d'un État, elles sont retombées par rapport au moment où la crise a atteint son paroxysme. On ne redoute pas encore un défaut de la Grèce. »Les marchés anticipent une remontée des taux à long terme en 2010. « Dès que cela surviendra, ceux qui ont encore du cash achèteront des obligations. Cela limitera la hausse des taux », analyse Thierry Million. Quant au krach obligataire, « il est peu probable tant que les taux monétaires rapportent largement moins que les taux obligataires. En 1994, les premiers étaient supérieurs aux seconds, ce qui a provoqué une vague de vente d'obligations ». Pour autant, la Chine sera-t-elle toujours aussi acheteuse de dette en 2010 ? La croissance sera-t-elle suffisamment dynamique pour combler les déficits publics ? La décennie qui s'annonce est pleine d'incertitudes pour la santé des dettes publiques. Muriel Motte
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