Sarkozy plaide pour la « renaissance » du nucléaire mondial

C'est devant un parterre de représentants de 65 pays, réunis au siège de l'OCDE, que Nicolas Sarkozy a revêtu lundi, une nouvelle fois, son costume de VRP de la filière nucléaire française. « L'antériorité de la France [dans ce domaine] ne nous donne pas de privilège, mais un devoir : celui de partager notre expérience avec tous les pays qui veulent accéder ou relancer le nucléaire. C'est clairement notre volont頻, a-t-il lancé dans son discours d'ouverture de la Conférence internationale sur l'accès au nucléaire civil. Avec cette initiative, Paris tenait à faire entendre sa voix alors que le traité de non-prolifération, qui fixe les règles internationales du nucléaire civil, va être réexaminé en mai prochain à New York.La position de la France est claire. « Le nucléaire, qui entre dans l'ère de la renaissance, doit être le ciment d'une nouvelle solidarité internationale », estime le président de la République, qui a plaidé pour une large ouverture de l'atome civil à de nouveaux pays. Et ils sont nombreux à s'y intéresser, selon l'AIEA, Agence internationale pour l'énergie atomique. « 58 de nos pays membres ont des projets pour se doter pour la première fois de réacteurs, parmi lesquels 17 préparent activement leurs programmes », a précisé Yukiya Amano, directeur général de l'Agence. « D'ici à 2030, entre 10 et 25 nouveaux pays auront mis en service leurs premiers réacteurs », a-t-il ajouté.institut international Un marché potentiel important que Nicolas Sarkozy aimerait voir tomber largement dans l'escarcelle des industriels français. Il a ainsi demandé hier à l'AIEA de mettre en place une « grille d'analyse » des réacteurs proposés actuellement selon des critères de sûreté. « Aujourd'hui, le marché les classe selon des critères de prix », a-t-il déploré. Une allusion au cuisant échec à Abu Dhabi d'Areva, EDF, GDF Suez et Total qui ont laissé échapper un contrat de 20 milliards de dollars pour la construction de quatre réacteurs. L'offre coréenne, moins chère mais moins évoluée techniquement, selon les Français, a été préférée à l'EPR hexagonal.Désireux de se placer aussi sur le terrain de la formation, en amont des appels d'offres, Nicolas Sarkozy a annoncé la création en France d'un institut international de l'énergie nucléaire sur deux sites du CEA, à Saclay et à Cadarache. Il fera partie d'un réseau international dont le premier centre sera installé en Jordanie, pays qui cherche actuellement à se doter de ses premiers réacteurs (lire « La Tribune » du 22 février).« banque du combustible »Pour déjouer le risque de prolifération en dissuadant les nouveaux pays nucléaires de s'équiper d'usines d'enrichissement, le président français propose la mise en place d'une « banque du combustible » sous l'égide de l'AIEA. « En cas de rupture d'approvisionnement, d'autres fournisseurs s'engageraient à livrer du combustible », a-t-il expliqué. Enfin, il a rappelé que la France « mettait ses installations de retraitement au service de tous les pays qui n'en ont pas ». D'autant plus volontiers que l'usine Areva de La Hague a du mal à faire revenir des clients autres qu'EDF. Marie-Caroline Lopez
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