Les banques poursuivent leur développement au Maghreb

Garder le cap. Voilà le mot d'ordre lancé par les grandes banques françaises ces dernières semaines concernant leur stratégie dans le monde arabe. « Nous maintenons et ne remettons pas en cause notre regard stratégique sur la région », assurait Bernardo Sanchez-Incera, directeur général délégué de Société Généralecute; Générale le 16 février. Pourtant, les grands groupes bancaires hexagonaux ont beaucoup à perdre dans cette partie du globe : le total de leurs engagements au Maghreb et en Égypte s'élevait à près de 50 milliards de dollars (36 milliards d'euros) en septembre 2010, selon les statistiques de la Banque des règlements internationaux (BRI). L'Égypte, après le Maroc, constitue leur plus gros marché, avec plus de 17 milliards de dollars de crédits accordés à l'économie. Les banques françaises sont même implantées en Libye, où BNP Paribas dispose d'une participation dans Banque du Sahara. Au Moyen-Orient, leur activité se limite aux métiers de financement et d'investissement, qu'elles ont beaucoup développés ces dernières années afin de profiter du boom économique local.Pour l'heure, les directions des banques françaises se montrent peu loquaces sur les conséquences de la crise politique dans la région, sur l'évolution de leur coût du risque et sur les éventuelles dépréciations qu'elles auraient été contraintes d'enregistrer. Interrogée par «La Tribune», BPCE a indiqué avoir déprécié de 5 millions d'euros sa participation dans BTK en Tunisie. BNP Paribas, pour sa part, a annoncé, à l'occasion de la présentation de ses résultats annuels, qu'elle avait constitué une provision de 25 millions d'euros pour la Tunisie et la Côté d'Ivoire. La banque a en outre observé une augmentation de son coût du risque dans la zone Europe-Méditerranée au quatrième trimestre 2010 (à 187 points de base). « Il y a fort à parier que les autres groupes bancaires français ont observé une évolution similaire ces dernières semaines dans ces pays », estime un analyste. Et de nuancer : « Gardons toutefois à l'esprit que l'exposition des banques françaises au Maghreb et au Proche-Orient est finalement faible au regard de la taille de leur bilan. » À titre de comparaison, la finance hexagonale est plus exposée à l'Irlande ou à la Grèce qu'aux pays arabes... Dans une étude publiée en janvier, le cabinet Keefe, Bruyette & Woods avait calculé que, parmi les pays émergents, la zone Afrique-Moyen-Orient représentait seulement la troisième source de revenus pour les banques françaises, derrière l'Europe centrale et orientale, et l'Asie.Dernièrement, certains groupes ont même fait le pari d'accélérer le développement de leur activité en Afrique. C'est le cas de Société Généralecute; Générale, qui a annoncé fin 2010 l'ouverture de 480 nouvelles agences sur le continent dans les cinq prochaines années, dont une grande majorité au Maghreb. BPCE a également dévoilé en février son intention de se développer en Afrique, via des acquisitions ou le lancement de nouvelles activités. Pour l'heure, le groupe présidé par François Pérol n'est présent qu'en Algérie (à travers Natixis), au Maroc et en Tunisie. Alexandre Madde
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