Les étrangers se ruent sur les palaces parisiens

C'est un rachat hautement symbolique. Le Lutetia, le célèbre hôtel de luxe parisien de la rive gauche qui avait été réquisitionné durant l'Occupation par les nazis puis avait accueilli les rescapés des camps à leur libération, sera désormais la propriété d'un groupe israélien, Alrov. Cinq ans après avoir racheté Le Lutetia à la famille Taittinger, le fonds américain Starwood Capital a décidé d'en céder les clés alors qu'il se désengage de l'hôtellerie de luxe. Contraint de réduire sa dette qui atteint 1,6 milliard d'euros, Starwood Capital entend aussi se séparer du Crillon, de l'Hôtel du Louvre et du Concorde Lafayette à Paris, comme du Martinez à Cannes.Ce rachat est salué par les spécialistes de la place. Autant Starwood Capital est un fonds opportuniste, autant Alrov, coté à la Bourse de Tel-Aviv, est un spécialiste de l'hôtellerie de luxe, qui devrait consacrer 80 millions d'euros pour rénover le Lutetia et en faire une vitrine sur la rive gauche. Alrov détient quatre cinq étoiles?: le David Citadel Hotel et le Mamilla Hotel à Jérusalem, le Conservatorium Hotel à Amsterdam et le Cafe Royal Hotel à Londres. Niche de marché, rive gaucheMais est-ce le moment pour investir alors que quatre hôtels de luxe sont annoncés dans la capitale?? La réouverture du Royal Monceau, avenue Hoche, est prévue fin août. Le Shangri-La, avenue d'Iéna, doit être inauguré fin 2010. L'ouverture du Mandarin Oriental, rue du Faubourg- Saint-Honoré, est annoncée en 2011, celle du Peninsula, avenue Kléber, en 2012. « Nous sommes en bas de cycle et c'est le bon moment pour reprendre un hôtel », répond Gabriel Matar, directeur de Jones Lang LaSalle hôtels France. « Comme en 2003-2004, une fenêtre de tir s'est ouverte avec la crise. Alrov va pouvoir exploiter une niche de marché, sur la rive gauche, dans un quartier qui peut attirer une clientèle désireuse de s'immerger dans le Paris des intellectuels et des créateurs », poursuit-il. « Près de 600 nouvelles chambres vont arriver sur un marché du luxe qui en compte quelque 1200 avant rénovation, ce qui peut tout à fait être absorbé», renchérit Jean-Charles Donnat, directeur de CBRE Hotels.Force est de constater en tout cas qu'à Paris, sur le marché des palaces, les groupes français brillent surtout par leur absence. Le Fouquet's, géré par le groupe Lucien Barrière, fait exception. « Dans l'hôtellerie de luxe, les Français sont des suiveurs et non des leaders. Ils n'ont pas démontré leur capacité à concurrencer les Américains comme le canadien Four Seasons ou les Asiatiques comme le singapourien Raffles », note Jean-Charles Donnat. Un curieux état de fait pour un pays pourtant réputé au plan mondial pour son savoir-faire dans les produits de luxe et la restauration haut-de-gamme.
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