Bientôt, les coûts de la transition chinoise s'imposeront au reste du monde

Que les coûts liés à sa croissance économique augmentent en Chine n\'est pas si surprenant ; ce qui l\'est en revanche, c\'est l\'ampleur du phénomène. Cela dépasse les coûts du travail, des terres et de l\'immobilier et concerne jusqu\'aux coûts environnementaux, règlementaires et du capital. Ce ne sont pas seulement les industries qui doivent s\'adapter, mais aussi les pays eux-mêmes, étant donné les effets sur l\'épargne, les flux de capitaux et les réserves de change. Les multiples conséquences de la transformation de la Chine peuvent être rassemblées en deux questions : de qui la Chine a-t-elle besoin ? Et qui a besoin de la Chine ?Le rendement du capital devrait passer de 20% en 2010 à 14 % en 2014Il se pourrait que pour de nombreuses entreprises le meilleur soit désormais passé. L\'inflation est susceptible d\'affecter la rentabilité : les estimations des bénéfices de 2013 pour les entreprises chinoises ont chuté de 17% depuis le début de 2012, et le rendement du capital devrait passer de 20% en 2010 à 14 % en 2014. La Chine est clairement en train de tenter d\'abandonner son profil de producteur à faible coût pour suivre de près les marchés développés, avec pour ambition de devenir un producteur net de produits industriels.Vers une forte baisse du prix du minerai de ferAu cours des vingt dernières années, la Chine a été à l\'origine d\'une augmentation massive de la demande en matières premières, entraînant une forte augmentation des prix. La question est de savoir si l\'offre et la technologie vont ramener les prix à la baisse. Les producteurs de ces matières premières qui ont augmenté leurs capacités de production sont peut-être les plus exposés au danger. L\'équipe de Goldman Sachs en charge des matières premières prévoit une baisse du prix du minerai de fer d\'environ 30 % d\'ici à 2015. D\'un autre côté, les importations chinoises de nourriture et d\'autres produits agricoles en provenance du reste du monde vont probablement augmenter dans un avenir relativement proche. Les pays avec un excédent agricole - comme la Nouvelle-Zélande, l\'Australie, le Brésil, l\'Argentine, la Thaïlande, les Pays-Bas, les États-Unis et une grande partie de l\'Afrique - pourraient en tirer profit.La Chine va aussi avoir besoin de nouvelles solutions en termes de sources d\'énergie et d\'efficacité énergétique, surtout si les mesures « incitatives » en matière de prix de l\'énergie s\'améliorent, le subventionnement des combustibles fossiles avoisinant en ce moment en Chine les 20 dollars par habitant.Une augmentation de la demande dans les domaines des services financiersLa nécessité d\'une meilleure répartition du capital se traduit par une augmentation de la demande dans les domaines des services financiers, de l\'assurance et de la gestion d\'actifs. Enfin, les fournisseurs de solutions d\'infrastructure dans les domaines de la logistique et de la communication devraient conserver leur importance au vu du développement des modèles d\'entreprises en ligne et de l\'extension de l\'activité économique vers l\'intérieur du pays. Certaines entreprises occidentales pourraient bien sûr tirer profit de ces évolutions. En Europe, les entreprises de biens de consommation exposées à la Chine ont réalisé une performance de 3 % supérieure à l\'ensemble du marché l\'année dernière, contre une performance de 12% inférieure à l\'ensemble du marché pour les entreprises industrielles.La poursuite du développement en Chine constitue un défi pour tous ceux qui s\'appuient fortement sur l\'avantage offert par le pays en termes de coûts. Si la Chine commençait à exporter l\'inflation au lieu de la déflation, cela pénaliserait les États-Unis et la plupart des pays d\'Europe occidentale. Les pays qui doivent l\'essentiel de la croissance de leurs exportations à la Chine, comme le Royaume-Uni, l\'Allemagne, la Nouvelle-Zélande ou la Suisse, vont devoir surveiller de près le développement de l\'industrie chinoise, en se demandant quels produits d\'importation actuels la Chine pourrait remplacer par des productions nationales, comme par exemple les machines dans le cas de l\'Allemagne.Consommant plus, la Chine achètera moins de dette occidentale...Viennent ensuite ceux qui ont profité du fait que la Chine exporte son épargne, ce qui a entraîné une baisse des taux d\'intérêt réels et nominaux. Ce phénomène, combiné à l\'exportation par la Chine de la déflation, constitue une part importante de la récente histoire financière du monde. Si la Chine épargnait moins et consommait davantage, elle achèterait moins de dette occidentale. L\'année dernière, les réserves de change de la Chine ont augmenté de 6 %, contre un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 33% pour la décennie précédente. Certaines économies lourdement endettées et fondées sur la consommation, comme les États-Unis, l\'Italie et le Japon, pourraient bien devoir, en même temps que la Chine, opérer certains changements.L\'essor de la Chine constitue un défi, mais le monde a déjà connu une telle évolution. Au XIXe siècle, les États-Unis représentaient un important consommateur net de produits industriels, tandis que l\'Europe avait adopté un grand nombre de produits industriels asiatiques aux XVe et XVIe siècles. S\'il est permis de tirer des leçons de l\'histoire, alors il semble probable que la Chine puisse surmonter certains des défis auxquels elle est confrontée - et des opportunités d\'investissement sont à saisir pour ceux qui pourront l\'y aider.____* Hugo Scott-Gall, membre de l\'équipe de recherche GS Sustain / Goldman Sachs.
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