L'euro dérive, les écarts de taux se creusent

Les nuages recommencent à s'accumuler sur la zone euro, malgré l'embellie de la croissance des Seize, laissant redouter l'entrée dans une deuxième phase de la crise de la dette souveraine. Et l'euro en fait les frais. La monnaie unique qui avait poussé une pointe au dessus de 1,29 dollar fin août, à la suite des déclarations de Ben Bernanke laissant entendre que la Fed pourrait adopter de nouvelles mesures d'assouplissement quantitatif « si nécessaire », est retombée mercredi en dessous de 1,27, dérivant jusqu'à 1,2660. Parallèlement, l'euro s'est affaissé face au franc suisse qui a pulvérisé un nouveau record de vigueur, ravissant à la monnaie unique le statut de substitut au deutsche mark qu'elle avait longtemps joué. La monnaie helvétique s'est hissée hier jusqu'à 1,2765 pour 1 euro, ce qui porte à plus de 15 % son raffermissement depuis le début de l'année et rien ne devrait l'empêcher de se propulser jusqu'à 1,25.Les nouveaux déboires de l'euro sont à mettre sur le compte des craintes suscitées par la fragilité supposée du système bancaire, mise en relief par le « Wall Street Journal » dans son édition européenne de mardi. Hormis les difficultés rencontrées par l'Irlande avec les pertes abyssales de l'Anglo Irisk Bank, les « stress tests » réalisés auprès des banques de la zone euro révélés en juillet sous-estimeraient gravement l'exposition de certaines institutions financières aux emprunts d'État à risque. S'ajoutent à cette mise en garde les conséquences financières sur les banques, notamment allemandes et françaises, de la mise en orbite de Bâle 3. Les nouvelles règles de solvabilité bancaire pourraient contraindre les établissements allemands et français à lever plus de 200 milliards d'euros. Enfin, il y a les difficultés que risquent de rencontrer les pays les plus fragiles à lever des capitaux en cette rentrée 2010. Après un assèchement des émissions d'emprunts d'État en août, les Trésor nationaux des Seize vont solliciter les marchés pour 80 milliards d'euros en septembre.Résultat : non seulement l'euro fait machine arrière mais les écarts de taux entre les pays de la zone euro recommencent à se creuser. Le Portugal a réussi à lever hier 1,039 milliard d'euros d'obligations mais à des taux en très forte hausses. Ce même mercredi et pour la deuxième séance consécutive, le « spread » - l'écart - entre le rendement des emprunts d'État à 10 ans et son équivalent lusitanien a atteint un record historique de 370 points de base. L'Irlande a subi le même sort, son différentiel de taux à 10ans avec l'Allemagne crevant un plafond absolu de 380 points de base, tandis que le spread entre la Grèce et la République fédérale retrouvait ses niveaux du plus fort de la crise à 955 points.
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