Swisscom reprend en main sa filiale italienne Fastweb

Après avoir repris au printemps 2010 les commandes de sa filiale italienne Fastweb, Swisscom s'attaque maintenant au contrôle du capital. L'opérateur suisse lance une OPA sur les quelque 18 % qu'il ne détient pas encore. Le mouvement était attendu. Le groupe suisse profite de la chute de l'action de sa filiale (- 70 % en trois ans) pour faire une bonne opération financière. Le prix payé pour retirer les actions Fastweb de la Bourse, 256 millions d'euros, fait ressortir une valorisation de 1,4 milliard d'euros, trois fois inférieure à celle à laquelle Swisscom avait acheté 82 % du capital en 2007.L'opérateur helvétique cherche aussi à tourner la page d'une relation quelque peu mouvementée avec sa filiale italienne. Depuis 2007, Fastweb est en effet impliqué dans une affaire de fraude à la TVA. Avec d'autres opérateurs italiens, dont Telecom Italia, les fournisseurs d'accès à Internet sont suspectés d'avoir détourné 2 milliards d'euros entre 2003 et 2006, avant le rachat de Fastweb par Swisscom. L'enquête s'est soldée au printemps par l'incarcération de Silvio Scaglia, le fondateur et ancien dirigeant de Fastweb, et par la mise à l'écart de plusieurs membres de sa direction. Averti de cette affaire dès 2007, lors de l'audit réalisé avant de lancer l'OPA, Swisscom a récemment indiqué que le risque financier pour la société était évalué à 81 millions d'euros.Avec 1,7 million de clients au 30 juin 2010, Fastweb s'est imposé comme le principal concurrent de Telecom Italia dans le fixe en Italie. La société de Silvio Scaglia était considérée comme le « Free » ou le « Neuf » italien, même si son credo n'était pas le prix comme en France mais la puissance du réseau. Fastweb a ainsi investi 5 milliards d'euros dans un réseau de fibre optique couvrant aujourd'hui plus de 31.000 km.Exubérance des années 2000Créé en 1999, en pleine bulle des télécoms, Fastweb symbolisait, avec le Tiscali de Renato Soru, la réussite italienne et l'exubérance de l'époque. Lors de son introduction au nouveau marché de la Bourse de Milan en 2000, le fournisseur d'accès à Internet lève 1,6 milliard d'euros. Sa capitalisation atteint rapidement 13,2 milliards d'euros. Mais la société peine à gagner de l'argent - le premier bénéfice ne viendra qu'au deuxième trimestre 2007 - et doit, dès 2005, se mettre en quête d'un partenaire. Swisscom emportera l'affaire en mars 2007 pour 3,7 milliards d'euros. Une opération qui fera de Silvio Scaglia, qui détenait alors 18 % du capital, un des hommes les plus riches et les plus puissants d'Italie avant qu'il ne soit rattrapé par la justice. Olivier Pinaud
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