UBS : la grande évasion des riches

Le retour aux bénéfices du géant bancaire UBS à la fin 2009 n'a guère fait illusion : quand les grandes fortunes fuient ce qui fut pour elles le bunker de prédilection contre les assauts du fisc, c'est qu'il y a le feu au lac. Car ni l'amnistie fiscale italienne, ni la fermeture des comptes offshore des exilés fiscaux américains sur la voie de la repentance, ni même le départ massif de chargés de compte de la banque avec quelques gros clients sous le bras ne suffisent à expliquer la grande évasion des riches. Tout se passe comme si le fonds de commerce même de la banque avait été entamé. C'est en tout cas ce que disent les marchés qui, sur une capitalisation boursière tombée à 50 milliards de francs suisses, valorisent aujourd'hui son activité de gestion de patrimoine pour zéro ! Un pari certes aberrant, alors que cette activité, qui consiste à prélever des commissions sur les fonds gérés, a encore généré 4 milliards de francs suisses de résultat avant impôt en 2009. Mais qui dit bien que c'est le coeur du sanctuaire qui est aujourd'hui touché : sa réputation de performance et de discrétion. Car après les 40 milliards de dollars de pertes sur les subprimes, puis l'escroquerie Madoff, dans laquelle UBS refusa d'assumer sa responsabilité de dépositaire du fonds LuxAlpha, la banque accepta, pour conserver sa licence aux États-Unis, de livrer au gouvernement suisse 4.450 noms de titulaires de comptes offshore pour qu'ils soient livrés au fisc américain. C'est à cette occasion que l'on découvrit qu'elle fut un bras armé actif et organisé de la fraude fiscale dans le monde. Ce qui lui vaut désormais l'attention toute particulière des administrations fiscales. Aussi, quand les clients fortunés réalisaient de grosses économies d'impôts, ils se montraient peu regardants sur la faiblesse des performances de gestion de la banque. Maintenant qu'elle ne les protège plus totalement du risque fiscal, ils font leur calcul et partent dans les banques suisses restées à l'intérieur de leurs frontières, qui de ce fait ne risquent pas de devenir l'otage des fiscs étrangers. Un mouvement qu'il sera difficile d'inverser. [email protected] Valérie Segond
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