La Corée du Sud résiste à Google

La Corée du Sud est l'un des rares pays au monde où Google possède moins de 5 % du marché de la recherche sur Internet. Au pays considéré comme le plus connecté au monde, on ne jure que par les sites développés localement. Exit Facebook ou Youtube, bienvenu à Cyworld ou Pandora TV. Une situation qui a valu à la Corée le surnom de « Galapagos de l'Internet », et à laquelle Google peine à s'adapter.NHN, la société qui gère Naver, le premier moteur de recherche coréen, a affiché, au quatrième trimestre 2009, un chiffre d'affaires record de 92 millions de dollars (66,8 millions d'euros), soit une hausse de 8 % par rapport au troisième trimestre. Chez SK Communications, qui possède le site concurrent Daum, les résultats sont aussi à la hausse.différences culturelles« Les premiers acteurs coréens de l'Internet étaient vraiment innovants », explique Kim Chang-won, auteur du blog Web20asia. « Et les Coréens se sont accoutumés à leurs services. » Lors du lancement de Naver en 1999, le Web offrait très peu de pages en langue coréenne : le site a donc encouragé ses utilisateurs à créer du contenu. Son service de questions-réponses, inventé trois ans avant Yahoo Answers, fait un tabac. Naver a longtemps refusé l'accès des millions de pages ainsi produites au référencement de Google. Ces services ont aussi façonné la manière dont les Coréens utilisent Internet.« Les difficultés de Google sont d'origine culturelle », analyse M. Channy Yun, qui travaille au sein de Daum. « Techniquement, Google est meilleur que ses concurrents, mais c'est l'aspect culturel qui lui fait défaut. Les Coréens privilégient les relations plutôt que l'information. » Les internautes font grand usage des « cafés », ces communautés en ligne hébergées par Daum et Naver, et qui sont aussi une source de contenu. Autre différence culturelle, les Coréens préfèrent des interfaces très riches, qui condensent en une seule page des dizaines d'informations. « Lorsque les Coréens ont découvert Google et sa page dépouillée, ils ont d'abord cru à une erreur du site », raconte un blogeur.Fait sans précédent, Google Corée a décidé de rompre avec la sobriété qui est sa marque de fabrique, en proposant une page d'accueil nettement plus chargée. Un signe de ses difficultés, mais aussi de son intérêt pour le marché. Frédéric Ojardias, à Séoul
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.