Avions ravitailleurs américains  : la polémique monte

Fin du suspense. Le groupe de défense américain Northrop Grumman et son allié EADS ne se lanceront pas dans l'appel d'offres portant sur la fourniture de 179 avions ravitailleurs à l'US Air Force, un contrat estimé à 35 milliards de dollars. Et Boeing reste donc seul en lice. Pour quelles raisons les deux partenaires ont-ils refusé d'entrer dans la bataille ? C'est très simple : le dernier appel d'offres du Pentagone, officiellement lancé le mois dernier, privilégie « clairement le ravitailleur plus petit de Boeing et ne reconnaît pas, comme il le faudrait, les avantages d'un ravitailleur plus grand », a expliqué Northrop Grumman. Il fait référence à un article stipulant que l'armée pourra choisir le meilleur appareil sur le plan opérationnel à la condition que son prix ne soit pas supérieur de plus de 1 % à celui de son rival. Une telle exigence handicape de façon rédhibitoire l'offre de Northrop et EADS, qui voulaient proposer l'A330 MRTT, plus grand que le dérivé du B-767 présenté par Boeing. Northrop ne déposera pas de recours. Selon nos informations, une réflexion avait été engagée chez EADS ces dernières semaines sur l'opportunité d'y aller seul. Mais le groupe européen s'est fait une raison. « Impossible de présenter une offre compétitive et conforme à l'appel d'offres », explique-t-on en interne.Fin de l'histoire ? Très probablement. En renonçant, Northrop et EADS espèrent accréditer l'image d'un tel déséquilibre en faveur de Boeing que le Pentagone sera contraint de faire machine arrière. Pas sûr que cela marche. Les deux groupes y croient-ils vraiment ? Et ce ne sont pas non plus les protestations des pays européens et de l'Union européenne qui y changeront grand-chose. La Commission européenne a prévenu qu'elle « serait extrêmement inquiète s'il apparaissait que les termes de l'appel d'offres étaient de nature à empêcher une concurrence ouverte pour le contrat ». Mais, sur les questions de défense, les pays européens, qui agacent Washington en voulant réduire leur engagement en Afghanistan, ne pèsent pas très lourd face aux États-Unis.bataille à venir au sénatC'est plutôt au niveau national que le Pentagone va devoir s'expliquer sur le fait que Boeing sera le seul compétiteur pour un appel d'offres de cette envergure. Notamment devant les sénateurs du Sud. Pour le républicain Richard Shelby, dont l'État d'Alabama devait bénéficier de l'installation d'une usine d'assemblage d'A330 MRTT et cargo à Mobile, « cette supposée compétition n'était pas conçue pour aboutir au meilleur résultat pour nos hommes et femmes en uniforme, elle était conçue pour aboutir au meilleur résultat pour Boeing ». Et de conclure que « une fois de plus, la politique l'emporte sur les besoins de nos militaires ». Le Pentagone devra aussi convaincre le sénateur McCain, ancien candidat républicain à la présidentielle, qui avait permis de casser un premier appel d'offres attribué à Boeing en 2003 pour le crédit-bail de 100 avions ravitailleurs KC-767 (23 milliards de dollars) sans aucune concurrence.Enfin, le Pentagone devra maintenir sa chape de plomb sur l'US Air Force, étrangement silencieuse jusqu'ici, qui avait pourtant choisi en 2008 l'A330 MRTT lors du deuxième appel d'offres.
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