Europe centrale : l'exclusion des "Roms" coûte cher

Ils sont la plus ancienne minorité visible en Europe. Pourtant, ils sont en moyenne très jeunes car chez eux, on ne vit pas vieux et on a beaucoup d'enfants. Les Roms, ou Tziganes comme on les appelle encore le plus souvent dans les pays d'Europe centrale et orientale, représentent une population mal intégrée de 10 à 12 millions de personnes. Numériquement, c'est l'équivalent de la plupart des nations européennes, si l'on exclut les très grands pays. Mais en termes de santé, d'éducation, d'espérance de vie, d'emploi, la situation des Roms se rapproche plutôt de pays comme l'Ethiopie ou la Guinée. Enorme gâchisLe constat est connu, ce qui l'est moins c'est que l'Europe déploie des efforts obstinés pour essayer de dissiper l'ignorance, l'indifférence, et souvent l'hostilité, qui entourent les Roms. Dans le cadre du semestre espagnol de présidence de l'Union européenne, s'est tenu à Cordoue le 2ème Sommet européen sur l'inclusion des Roms. A cette occasion la Banque mondiale a publié une étude originale : il s'agit d'évaluer le coût que représente pour les pays l'abandon de la population rom dans la pauvreté et le chômage. Il se calcule en perte de productivité, en manque à gagner fiscal. Quatre pays ont été étudiés : République tchèque, Roumanie, Bulgarie et Serbie. Tous ensemble, ils perdent 5,7 milliards d'euros en production et 2 milliards d'euros en recettes fiscales du fait de l'exclusion de leurs minorités roms.Chômage massifComment la Banque mondiale parvient-elle à ces sommes effectivement considérables ? En regardant le marché du travail. Le taux d'emploi des Roms est en moyenne inférieur de 22 points à celui du reste de la population. Seulement 1 sur 5 a un niveau de qualification suffisant pour occuper un emploi en Tchéquie, 1 sur 8 dans les trois autres pays. Quand ils ont un emploi, les Roms touchent 31% de moins que les autres salariés en Bulgarie, 48% de moins en Serbie, 55% en Roumanie et 58% en Tchéquie. La perte subséquente en productivité pour les pays est estimée à 231 millions d'euros en Serbie, 367 millions en Tchéquie, 526 millions en Bulgarie et 887 millions en Roumanie.L'éducation, seule issueDes progrès sont pourtant possibles. L'étude montre que les personnes d'ethnie rom qui ont un niveau d'éducation secondaire gagnent 83% de plus que celles qui ont un niveau d'éducation primaire en Bulgarie, 110% de plus en Tchéquie, 144% de plus en Roumanie et 52% de plus en Serbie. Les dépenses d'éducation que doivent consentir les Etats sont beaucoup moins importantes que les retombées positives en production et en recettes fiscales qu'ils obtiendraient en mettant les Roms à niveau, conclut la Banque mondiale. A mi-chemin de la Décennie des l'inclusion des Roms 2005-2015, une initiative de huit pays d'Europe centrale et orientale, cette évaluation économique devrait stimuler les efforts déjà engagés.
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