Monnet, peut-être une future carte de paiement européenne

Proposer une alternative au duopole Visa et Mastercard en Europe et retrouver la maîtrise du métier des cartes de paiement : les banques françaises sont claires sur les objectifs du projet Monnet. Cette ambition de créer une carte européenne de paiement est, à l'origine, une initiative hexagonale aux côtés de trois grandes banques allemandes (Deutsche bank, DZ Bank et Postbank). Mais « il était important de passer d'un projet franco-allemand à un projet réellement européen », a indiqué la semaine dernière Georges Pauget, ancien directeur général du Crédit Agricolegricole et porte-parole des banques françaises pour Monnet. Le pari est réussi puisque trente banques représentant 11 pays de l'Union (dont 70% du marché bancaire italien, 100% du marché espagnol, 45% du marché allemand) ont manifesté leur intérêt lors du symposium Monnet le 5 mai dernier à Madrid. Elles ont décidé de lancer une étude de faisabilité et de rentabilité de ce nouveau système de carte, dont les conclusions sont attendues à la fin de l'année. « Nous ne le ferons que si cela a du sens économiquement », indique Georges Pauget. paiement avec le mobile« à terme, il faudra que Monnet concerne 25 % des parts de marché bancaires dans chaque pays pour que le système puisse fonctionner », estime Jean Clamon, président du Comité d'orientation des moyens de paiement de la Fédération bancaire française et par ailleurs délégué général de BNP Paribas. L'étude portera sur les infrastructures de la carte, mais aussi sur le paiement sans contact et avec téléphone mobile. « Ni Visa ni Mastercard ne proposent quelque chose de satisfaisant pour le paiement avec le mobile », observe Jean Clamon. Ce projet Monnet remettra sur le tapis les discussions sur le mécanisme de facturation interbancaire pour chaque transaction par carte (commissions d'interchange) qui a longtemps été l'objet d'un conflit avec la Commision européenne. Cette dernière a finalement reconnu le principe de l'interchange, selon Georges Pauget, « le débat est aujourd'hui sur la question de son niveau », ajoute-t-il. Il veut croire que la Commission européenne pourrait accepter des niveaux d'interchange plus élevés pendant la phase d'investissement de Monnet.Chez Mastercard et Visa qui ont déjà accepté de réduire leurs commissions d'interchange, la réaction au projet Monnet est prudente. Mastercard se déclare « toujours favorable à la concurrence » et « très confiant sur la qualité de [son] savoir-faire ». Pour sa part, Visa Europe se félicite de toute initiative qui contribuerait au développement des paiements électroniques au détriment du paiement en liquide mais affirme disposer d'une «offre de moyens de paiement la plus compétitive et la plus efficace ». L'organisation rappelle être « possédée et contrôlé par plus de 4.000 banques et institutions de paiement européennes ». Reste à savoir si les deux réseaux dominants seraient prêts à pratiquer la coopération avec Monnet, en fournissant certaines fonctionnalités, comme l'envisage Georges Pauget.Séverine Sollier
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