La Chine teste le risque d'un krach immobilier

Garder le contrôle de l'économie. Plus que jamais, c'est le mot d'ordre des autorités chinoises, qui se focalisent ces derniers jours sur l'immobilier, pour éviter l'éclatement d'une bulle alimentée par la spéculation. Vendredi, l'autorité de régulation bancaire a annoncé l'extension des tests de résistance (« stress tests ») appliqués aux banques à d'autres entreprises dépendant du secteur : BTP, sidérurgie, cimenterie... Il s'agit d'analyser les conséquences d'un scénario où les prix de la pierre chuteraient de 30 % voire de 50 % à 60 %, sur les emprunteurs (qui risquent de faire défaut), entraînant des faillites d'entreprises. Lundi, le gouvernement a d'ailleurs sommé 2.087 sociétés qui produisent de l'acier, du ciment, de l'aluminium, du verre, des matériaux largement utilisés dans la construction, de fermer avant la fin de septembre leurs sites peu compétitifs car trop polluants et énergivores. Grâce à une sévère restriction du crédit aux particuliers et aux entreprises, Pékin peut se targuer d'avoir stoppé la flambée des prix qui étaient revenus à leur niveau d'avant-crise. Car si entre 2004 et 2008, ils avaient augmenté de 11 % par an, ils ont bondi de 22 % entre 2008 et 2009. Selon l'indice des prix officiel portant sur les 70 plus importantes villes du pays, le reflux est apparu en juin, (-?3 %) puis s'est accru en juillet (-?8 %). C'est justement le rythme de la baisse qui inquiète Pékin. Le secteur de l'immobilier est en effet un des piliers de l'économie du pays : nombre d'entreprises et d'emplois en dépendent directement (voir graphique), et en Bourse l'effet pourrait s'avérer dévastateur (lire page suivante). De quoi fragiliser le pays au moment où il s'efforce de modifier les bases de son économie. « Le rééquilibrage de la croissance, basée sur l'investissement et les exportations vers la consommation locale, est en train d'opérer plus rapidement que prévu », souligne Éric Siegloff, stratégiste chez ING Investment Management. Pour Shang Yutai, un économiste travaillant pour le gouvernement, le PIB chinois devrait croître de 10 % en 2010, voire 11 % si le gouvernement augmente les dépenses budgétaires. C'est en ce sens que milite Xia Bin, conseiller du comité de politique monétaire de la Banque centrale : « Nous devrions accélérer les investissements dans le logement encadré pour éviter une chute trop rapide des investissements et veiller à ce que la croissance économique chinoise reste rapide et stable ». Grogne socialeL'immobilier préoccupe également le régime communiste pour les risques d'explosion sociale. « Si les prix ont augmenté de 10 % par an durant les années 2000, le revenu par tête avait progressé parallèlement (de 12 % par an). En revanche, en 2009, les prix ont grimpé de 21 % pour des revenus ne croissant que de 9 % », souligne Jean-Pierre Petit, économiste chez Socofi-Les Cahiers verts de l'économie. La grogne liée à des revendications salariales qui s'est exprimée ces derniers mois pourrait s'étendre aux questions de logement, et à de nouveaux acteurs : la classe moyenne chinoise.
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