Pourquoi la musique en ligne patine en France

MusiqueMassive, inéluctable? la chute des ventes de supports physiques (CD, DVD) est désormais une tendance structurelle du marché mondial de la musique. Mais en France, les ventes de musique sous forme numérique (sur mobile, par Internet) prennent beaucoup moins qu'ailleurs le relais. Ainsi, selon les chiffres communiqués hier par le Syndicat national de l'édition phonographique (Snep), le chiffre d'affaires des producteurs (ventes en gros) n'a progressé pour les ventes numériques que de 3,3 % au premier semestre 2009 (par rapport au premier semestre 2008) à 37,7 millions d'euros. Une croissance anémique pour un jeune marché qui affichait en 2008 une hausse de 49 %. Et alors que les ventes physiques ont encore chuté de 50 millions d'euros au cours du semestre (? 21 %). La production francophone souffre désormais. Seuls 107 albums francophones ont été produits au dernier semestre, contre 233 en 2002, tandis que les signatures de nouveaux contrats sont au plus bas.Entré plus tardivement dans la crise du disque, protégé par la résistance de son répertoire local, le marché français est finalement plus durement atteint. De 2002 à 2008, il a perdu 53 % de sa valeur, soit 700 millions d'euros. Aux États-Unis, la perte s'est limitée à 33 %, en Allemagne ou en Grande-Bretage, à 23 %. C'est la lenteur du décollage des nouvelles formes de ventes de musique qui fait la différence. Elles ne représentent encore que 17 % du marché en France, contre 36 % aux États-Unis. Ainsi en six ans, les gains sur le marché numérique n'ont compensé que 19 % des pertes subies sur le marché physique (voir ci-contre).le succès de l'iPhoneAu premier semestre, le marché en ligne a surtout pâti de l'écroulement des revenus du mobile, qui pesait 20 % des ventes numériques il y a un an. Elles ont été réduites plus que de moitié (de 20,3 millions d'euros à moins de 10). Outre le recul entamé depuis plusieurs années des ventes de sonneries, le téléchargement de titres accuse aussi une sérieuse baisse. Explication possible?: le succès de l'iPhone d'Apple en France. L'achat de musique sur ces téléphones passe par la boutique iTunes d'Apple, et est comptabilisée dans les ventes Internet. De fait, sur ce semestre, le téléchargement sur Internet a bien progressé (+ 39 %). L'abandon des mesures techniques de protection empêchant la copie des titres achetés en ligne, la mise en place de prix différenciés des albums sur iTunes notamment, l'étendue des catalogues proposés? peut-être un début de prise de conscience du public liée aux débats sur la loi antipiratage ont peut être commencé à produire un effet, à confirmer au prochain semestre.« Les offres légales de musique en ligne se sont vraiment améliorées, mais elles ne sont pas assez connues », indique Denis Ladegaillerie, du label Believe. Seul un Français sur quarante fréquente une plate-forme de téléchargement légale de musique, contre un Américain sur cinq. Directeur général du Snep, David El Sayegh attend la mise en ?uvre de la loi antipiratage avec l'envoi des premiers messages d'avertissements. Car contre la « concurrence illicite » du piratage, aucune offre légale ne peut rivaliser.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.