Philippe Xavier, coiffeur du tout-Sydney

La vie de Philippe Xavier, 58 ans, ressemble à celle de ces héros de roman, débarqués à 20 ans, sans le sou, dans un pays de cocagne qui leur assurera une fortune et un statut social enviables. Le tout sous nom d'emprunt. Le natif de Houilles, grandi du côté de Bidart au Pays basque, n'a pourtant rien à cacher. S'il s'est choisi un nom de scène, comme ceux qu'il lui arrive parfois de coiffer, c'est par commodité plus que par élégance. « Nazarewicz, c'est impossible à dire pour un Australien », sourit Philippe, devenu donc Xavier (c'est son deuxième prénom), en même temps qu'il ouvrait son premier salon de coiffure, au c?ur de Sydney, en 1976. Trois décennies plus tard, il n'a guère bougé. L'actuel salon Philippe Xavier n'est qu'à quelques blocs de l'ancien, non loin de George Street, la rue de Rivoli de la métropole australienne. « Idéal pour la clientèle business » qui, entre deux rendez-vous dans la City, en profite pour se faire donner un coup de peigne chez l'un des grands noms de la place. Car le petit coiffeur français n'a pas tardé à capter la lumière pour devenir un artiste du ciseau et du fer à friser, reconnu et apprécié aux antipodes. Le « french style » en bandoulière. Sa notoriété et son carnet d'adresses, Philippe se les a bâtis pendant les huit années qu'il a passées au Four Seasons, l'une des adresses les plus chics de la ville à cette époque. « Les hôtels m'appellent toujours lorsqu'ils ont des VIP à prendre en urgence », cabotine un peu Philippe, qui a vu passer entre autre, sous le néon rose de son enseigne, les présidents Bush et leurs épouses, Eric Clapton ou Rod Stewart, ainsi que Catherine Deneuve, son « plus beau souvenir ».... ne connaît pas la criseMalgré la récession qui démarre en Australie, sa petite entreprise de 16 personnes ne connaît pas la crise et les rôles sont bien distribués, avec Philippe qui assure le show devant le miroir et Valda, son épouse, qui tient les comptes derrière la caisse. Il l'a rencontrée en lui coupant les cheveux sur la plage de Balmoral, dans ce qui était déjà, au début des années 80, les quartiers très huppés du nord de Sydney. Ils ont, depuis, toujours refusé de quitter cet endroit dont la côte découpée rappelle tant celle de Biarritz. Même lorsque les agents immobiliers alignent les millions de dollars pour mettre la main sur sa maison. Philippe se sent chez lui dans ce coin d'Australie et tous les matins aux aurores, quelle que soit la température de l'océan tout proche, il rejoint ses potes du club de natation local pour une petite longueur d'un bon kilomètre et demi. Un véritable rituel pour cet hyperactif qui rêve de crapahuter sur les chemins de Saint-Jacques, une fois l'heure de la retraite sonnée. En attendant de combler ses envies de Pays basque, Philippe Xavier s'accorde un autre plaisir quotidien, en prenant chaque jour le ferry pour se rendre au boulot. Une balade d'une vingtaine de minutes à travers l'une des plus célèbres baies du monde. Même après trente-trois ans, il ne s'en lasse toujours pas.
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