Sarkzoy, madame Michu et le G20

Pour Sarkozy comme pour madame Michu, la cause est entendue : les désordres économiques de la planète proviennent de l'intempérance des marchés financiers, de leur intarissable propension à ne pas rester en place. La volatilité des cours et des changes, voilà le péché de la finance. Péché capital, bien sûr, puisqu'il déchaîne les mouvements de l'argent et de formidables plus-values. La thèse est sympathique et bien française : l'économie réelle contre la finance virtuelle, la stabilité contre l'imprévisibilité, les honnêtes gens contre les spéculateurs sanguinaires. Thèse qui a pourtant un défaut, que le devoir de l'éditorialiste nous impose de révéler, quels que soient les risques de contredire madame Michu et monsieur Sarkozy : elle est fausse. Le G20 qui se réunit à Séoul à compter d'aujourd'hui va ainsi se pencher sur les déséquilibres de la croissance mondiale. Deux pays, la Chine et l'Allemagne, enregistrent des excédents commerciaux annuels libellés en centaines de milliards de dollars, qui irritent - à juste titre - leurs partenaires. À Séoul, la « Chinallemagne » va donc être brocardée, vilipendée, stigmatisée, pour son modèle fondé sur l'exportation outrancière. L'excédent commercial de la Chine n'a pourtant qu'une seule cause : le lien fixe entre le yuan chinois et le dollar, qui maintient la devise chinoise à un cours artificiellement bas. L'hypertrophie des exportations chinoises ne provient pas d'un excès de volatilité, mais au contraire d'une rigidité excessive, celle qu'impose Pékin pour entretenir sa compétitivité, en bloquant la parité monétaire du yuan. Idem pour l'Allemagne. Si le deutsche mark existait encore, il aurait fortement progressé contre toutes autres devises, et réduit les excédents allemands. Alors que l'euro, lesté par les déboires grecs, la crise espagnole et l'impéritie française, n'est pas assez fort pour la compétitivité allemande : là encore, le problème n'est pas la volatilité de l'euro face au dollar, mais l'excès de rigidité qu'a créé la monnaie unique au sein même de l'[email protected] François Lenglet Directeur de la rédaction
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