L'exception marocaine dans un monde arabe bouleversé

Lors un discours à la nation mercredi, le roi Mohammed VI, a annoncé la mise en place d'une « réforme constitutionnelle globale ». Celle-ci promet un renforcement du statut exécutif du Premier ministre ainsi que des mesures destinées à renforcer les libertés individuelles, l'indépendance de la justice et le rôle des partis politiques. Une vague de démocratisation, dans un pays voisin des révolutions. Mais « ce serait une erreur de dire que cette annonce s'est faite en réaction aux événements de la région. Ce discours s'inscrit dans la poursuite de la politique de régionalisation commencée il y a deux ans. Le roi intervient à la suite de la remise d'un rapport d'experts sur les réformes à entreprendre » analyse Charles Saint-Prot, directeur de l'Observatoire d'études géopolitiques, qui évoque une « exception marocaine ». Une exception à triple titre. Sur le plan politique, d'abord, la monarchie, soutenue par la majorité des marocains, étant un symbole d'unité nationale et de stabilité. Sur le plan économique ensuite, tant le processus de modernisation engagé par Mohammed VI a diversifié et consolidé l'économie du pays, avec par exemple le développement des industries et des énergies nouvelles. Fort d'une croissance de 4,2 % en 2010, le Maroc est « sur la marche du développement » assure Charles Saint-Prot. Mais le pays est loin d'avoir gagné la partie, tant il partage certains des maux de ses voisins. Des manifestations ont déjà eu lieu le 20 février, et de nouvelles sont prévues pour le 20 mars, afin de dénoncer notamment le chômage des jeunes. Les politiques volontaristes de de créations d'emploi, en particulier dans le tourisme, ont certes permis de ramener le chômage national sous la barre des 10 %, mais celui des jeunes diplomés atteint plus du double.Autre fléau national, la corruption, présente dans tous les rouages économiques. Avec un indice de perception de la corruption de 3,3, le Maroc se situe en effet à la 89e place (sur 180) du classement réalisé par Transparency International. Mohammed VI a annoncé dans son discours de mercredi, « la consolidation des mécanismes de moralisation de la vie publique », plaçant clairement la lutte contre la corruption, au coeur des priorités du Royaume. Céline Jeancourt-Galig
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