L'amère défaite de Berlin

« Nous ne pouvons pas accorder de chèque en blanc à la Grèce. » Ce mot de Guido Westerwelle, ministre des Affaires étrangères allemand et vice-chancelier, prononcé le 25 avril dernier, résumait à lui seul un des fondements de la stratégie allemande durant la crise. Il s'agissait avant tout de ne pas créer de précédent, de s'en tenir au principe de l'interdiction de l'aide directe à un autre pays membre de la zone euro.En arrière-plan de cette position, on trouve l'origine de la vision allemande de l'euro. La monnaie unique doit être le digne successeur du deutsche mark : il ne faut donc aucune tolérance pour les écarts à la règle budgétaire. C'est à ce prix que la confiance des marchés dans l'euro sera aussi indestructible que celle qui existait dans le mark. Ce qui se traduit en allemand par « stabilité de la monnaie ».De là, l'erreur d'appréciation de Berlin. Loin de rassurer les marchés, la fermeté allemande les a encore un peu plus inquiétés. Car les investisseurs n'ont confiance en Europe qu'en une seule vérité : la capacité de l'Allemagne à payer. En repoussant à plus tard sa volonté de venir en aide financièrement pour les autres pays de la zone euro, la République fédérale a donc attisé la spéculation sur la faillite de ces derniers et, partant, sur l'euro.abandonner les principesPour faire cesser la dégringolade de l'euro de la semaine dernière, l'Allemagne a donc dû manger son chapeau et abandonner un à un ses principes. Le chèque en blanc a été signé et l'aide directe a été versée à la Grèce. Les victoires qu'a obtenues la chancelière Angela Merkel en imposant un régime drastique à Athènes et l'intervention du FMI ont été des victoires à la Pyrrhus, car elles n'ont pas empêché l'aggravation de la situation. Finalement, Berlin a dû se résoudre à accepter tout ce qu'elle refusait initialement.Romaric Godin, à Francfort
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