Schaeffer Industrie vise de nouveaux débouchés

Schaeffer Industrie a fêté, l'année dernière, ses 80 ans avec faste et surtout... soulagement. Car la dernière décennie aura été particulièrement périlleuse pour cette PME de Forbach (Moselle), prise en tenaille entre la disparition annoncée des Houillères du bassin de Lorraine - son unique client - et la vague de fond des délocalisations de la production de grosses pièces mécaniques vers les ateliers d'Europe de l'Est. " De la demi-douzaine d'entreprises de mécanique et de chaudronnerie qui travaillaient pour les Houillères, nous sommes les seuls à avoir survécu. Nous savions faire du gros et du lourd. Pour contrer la concurrence, nous nous sommes spécialisés dans les pièces hors normes ou complexes à réaliser dans des délais très courts ", explique Daniel Schaeffer, le PDG de l'entreprise.Cette stratégie délibérément offensive a conduit Schaeffer Industrie à reconstituer une nouvelle clientèle, à redéployer ses locaux et à recruter les meilleurs éléments des concurrents disparus. Par chance, si l'extraction minière aété définitivement arrêtée en France, elle a le vent en poupe sur leplan mondial. Naguère spécialisé dans les pièces destinées au fond des puits de Moselle, Schaeffer Industrie fournit aujourd'hui auconstructeur Liebherr d'énormes pelles utilisées dans les mines à ciel ouvert d'Afrique du Sud ou d'Australie. L'extraction charbonnière représente 60 % de l'activité de la PME, qui fabrique par ailleurs des pièces de grue pour Demag ou Terex, ou encore des châssis de tracteurs d'avion.ACQUISITION D'UN FOURDE 10 METRES SUR 4Au total, la PME compte aujourd'hui une quinzaine de clients stables et récurrents qui lui assurent un chiffre d'affaires de 22 millions d'euros en 2007, ­contre 8 millions d'euros en 2003 lorsque les deux dernières mines mosellanes étaient encore en activité. Dans le même temps, les ­effectifs ont aussi fortement progressé, passant de 80 à 130 salariés. L'entreprise a donc dû agrandir ses locaux, qui occupent aujourd'hui 8.000 m2 grâce à l'acquisition d'un nouvel atelier de 4.000 m2. Elle finalise cette année un investissement de 2 millions d'euros consacré à un four de détentionnement de 10 mètres sur 4 destiné à recuire les grandes pièces pour éviter la déformation des soudures. Cette acquisition permet d'éviter de faire partir les pièces par convois exceptionnels auprès d'un spécialiste alsacien. Schaeffer Industrie, qui a appris à cette occasion un nouveau métier (lire encadré), voit également dans cette acquisition l'opportunité de se lancer sur des marchés de sous-traitance.Représentant de la troisième génération à la tête de l'entreprise, Daniel Schaeffer évite pourtant de se reposer sur ses lauriers. " C'est lorsqu'on se croit à l'abri que l'on se trouve menacé. Notre histoire nous conduits à redouter en permanence une nouvelle crise. Après plusieurs années marquées par des croissances annuelles de 25 %, nous souhaitons aujourd'hui nous stabiliser et améliorer notre productivité ", indique Daniel Schaeffer. La parité euro-dollar joue en défaveur de l'entreprise. En revanche, Schaeffer Industrie a vu revenir vers lui des clients déçus de s'être approvisionnés auprès de pays émergents...PME et université font cause communeSpécialiste de la mécanique, de la mécano-soudure et du montage d'ensembles mécaniques, Schaeffer Industrie ne présentait aucune compétence en galvanisation. Les Ateliers de transfert et d'innovation (ATI) mis en place sous l'égide de l'UIMM Lorraine, de l'Institut national polytechnique lorrain et du pôle de compétitivité Mipi (Matériaux innovants pour produits intelligents) ont aidé l'entreprise à combler cette carence. Elle a constitué une équipe de dix salariés pour maîtriser le fonctionnement de son nouveau four et appréhender le comportement des métaux soumis à la chaleur. Deux étudiants du master de métallurgie de l'université Nancy Poincaré, six élèves de l'École européenne d'ingénieurs en génie des matériaux et deux élèves ingénieurs de l'École des mines de Nancy se sont associés au projet.
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