Wall Street s'apprête à sabler le champagne

Wall Street s'apprête à célébrer les fêtes de fin d'année dans des conditions susceptibles de révolter l'opinion publique. Selon un sondage Bloomberg, 75 % des Américains considèrent que les banques ayant bénéficié du plan de soutien au système financier (Tarp) ne devraient pas verser de bonus à leurs salariés. Et 51 % des interrogés estiment qu'il serait prématuré pour les établissements ayant remboursé le Trésor d'accorder de telles primes. En apparence, Goldman Sachs tient compte de la colère populaire. Jeudi, la banque a prévenu que ses 30 plus hauts managers avaient renoncé à leurs bonus en cash. Ils recevront bien l'intégralité de leurs primes, mais sous la forme de titres qu'ils devront conserver pendant cinq ans, une politique de rémunération répondant aux « meilleurs intérêts du public et de (ses) actionnaires ». Reste que dans la finance new-yorkaise, les équipes s'apprêtent à sabler le champagne : Goldman Sachs, Morgan Stanley et JP Morgan Chase prévoient de payer 29,7 milliards de dollars (20,1 milliards d'euros) de bonus au titre de 2009, un bond de 60 % par rapport à l'an dernier, qui éclipse le record de 26,8 milliards de 2007.Bien que le projet de réforme financière, dont la Chambre des représentants a commencé à débattre jeudi, prévoit de proscrire les pratiques de rémunération pouvant conduire à un « risque excessif », Wall Street a peu de raison de s'inquiéter pour ses bonus. En dehors des sociétés ne s'étant pas extirpées du Tarp, le Trésor a renoncé à limiter les primes et au Congrès, d'influents élus, dont Barney Frank, le président de la commission des Services financiers de la Chambre, préféreraient que « les impôts des ménages à hauts revenus soient d'une manière générale relevés », plutôt que de surtaxer spécifiquement les bonus.Les sociétés n'ayant pas encore rendu les fonds du Tarp demeurent, en revanche, bridées. Le fait d'avoir remboursé le Trésor devrait permettre à Bank of America d'accélérer le remplacement de son directeur général sur le départ, Kenneth Lewis. Citigroup espère lui emboîter le pas au plus vite, notamment pour accroître sa capacité à attirer et retenir des « talents ». Mais, même avec les établissements qui restent dépendants du Tarp, l'administration Obama se montre flexible. Selon les médias américains, cinq cadres supérieurs d'AIG auraient été exemptés du plafonnement de 500.000 dollars sur leur rémunération annuelle après qu'ils ont menacé de quitter l'assureur. Dans ces conditions, il est peu surprenant que les banquiers new-yorkais multiplient les messages de soutien à leurs collègues travaillant dans des filiales londoniennes et parisiennes.Éric Chalmet, à New York
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