Les fabricants de chocolat appelés à se croquer entre eux

l'actualité de votre argentNoël approche à grandes enjambées et, pourtant, les fabricants de chocolat ne sont pas à la fête. De Lindt à Barry Callebaut en passant par des groupes agroalimentaires plus généralistes comme Cadbury et Nestlé, les chocolatiers subissent un effet de ciseaux entre, d'un côté, la flambée des cours du cacao, à son plus haut niveau depuis vingt-quatre ans, et, de l'autre, la baisse des ventes. Crise oblige, la demande de chocolat a chuté de 6 %, au cours de la saison 2008-2009. Dans ce contexte, difficile pour les chocolatiers d'augmenter leurs prix de vente afin de contrebalancer le renchérissement du cacao. Certes, il existe bien des mécanismes de couverture contre les fluctuations du cours des matières premières, mais ces instruments se révèlent souvent onéreux et risqués.Les marges des chocolatiers étant donc appelées à se dégrader, certains bureaux d'analyses financières n'hésitent pas à prédire une nouvelle vague de concentrations dans ce secteur encore fragmenté. Une vague qui a d'ailleurs débuté cet automne, avec le lancement par le groupe agroalimentaire américain Kraft d'une offre publique d'achat sur le britannique Cadbury.Nestlé lorgne sur LindtJon Cox, analyste chez Kepler Capital Markets, imagine à présent un rachat du suisse Lindt par son compatriote Nestlé. Ce dernier se doterait ainsi de marques haut de gamme, créneau qui lui fait défaut. Riche à millions, surtout avec la très probable cession de sa participation dans le groupe d'ophtalmologie Alcon, qui lui rapporterait 29 milliards de francs suisses, Nestlé pourrait débourser 7 milliards de francs suisses pour mettre la main sur Lindt, estime Jon Cox. Soit un montant supérieur de 20 % à la capitalisation boursière de ce dernier.Les analystes de Consumer Equity Research sont moins convaincus de l'intérêt d'un rachat de Lindt, la stratégie de haut de gamme du chocolatier leur apparaissant comme un frein à son expansion dans les pays émergents. Difficulté supplémentaire : un nombre croissant de distributeurs commercialisent leurs propres marques de chocolat haut de gamme. Sans compter les artisans indépendants, gage de qualité pour les gourmets. Pour couronner le tout, à vingt-quatre fois le bénéfice par action estimé par Consumer Equity Research pour 2010, l'action Lindt est tout sauf bon marché.Pour le bureau d'analyses, une acquisition du groupe suisse Barry Callebaut par Nestlé aurait bien plus de sens. Car elle permettrait à celui-ci de sécuriser ses approvisionnements ; Barry Callebaut, premier producteur mondial de chocolat, étant spécialisé dans la vente en gros auprès de l'industrie agroalimentaire. Cerise sur le gâteau, Barry Callebaut multiplie les innovations, avec des chocolats à faible teneur en sucre, en matières grasses, etc., permettant ainsi de toucher de nombreux segments de marché. Et, ce qui ne gâte rien, cette pépite vaut moins de treize fois le bénéfice attendu pour 2010. À croquer. n
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