Retraites ? : travailler plus ne suffira pas à combler le trou

C'est le paradoxe actuel de la gestion politique de la réforme des retraites?: le gouvernement écarte, très officiellement, la piste d'une hausse importante des recettes, via un relèvement des cotisations, car cela minerait la croissance. Mais ce sujet des prélèvements, voulu comme marginal, occupe tout l'espace ou presque. Recevant les partenaires sociaux, Nicolas Sarkozy a insisté lundi soir sur la mise en place d'un prélèvement sur les « riches », au nom de la justice. Il a évoqué les hauts revenus et ceux du capital. Ce seraient donc, en fait, deux prélèvements qui verraient le jour, l'un frappant tous les revenus de l'épargne, perçus par l'ensemble des Français, l'autre visant exclusivement les plus riches d'entre eux (cf. page 4).Si le chef de l'État insiste ainsi sur la piste des recettes, c'est surtout pour des raisons politiques, parce que, comme le souligne un expert, « les gens veulent que leur voisin un peu mieux loti en prenne plein la figure ».Mais aussi parce que la principale hypothèse de réforme évoquée jusqu'à maintenant, à savoir le recul de l'âge de départ en retraite, ne permettra pas de boucher le trou du système de retraite. Loin s'en faut. Le Conseil d'orientation des retraites a publié mardi des documents de travail, analysant l'impact des mesures envisagées pour que les salariés travaillent plus longtemps. Le résultat est sans appel?: cela ne suffira pas.Le fait de faire passer progressivement à 43,5 ans la durée minimale de cotisation (contre 41 ans en 2012) ne rapporterait quasiment rien au régime avant 2030... Car de nombreux salariés ont encore commencé à travailler jeunes, et peuvent donc afficher 42 ans ou 43 ans de cotisations à l'âge de 60 ou 61 ans.Le report de l'âge légal de départ en retraite à 63 ans - ce qu'envisage effectivement le gouvernement - aurait un impact financier, positif, plus rapide. Dès 2020, le déficit de la Caisse nationale d'assurance vieillesse s'en trouverait amélioré à hauteur de 9,3 milliards d'euros. Mais ce chiffre est à comparer à un besoin de financement frôlant les 19 milliards d'euros.Au total, même si le gouvernement augmentait jusqu'à 45 ans la durée minimale de cotisation, couplant cette mesure avec le report de l'âge de départ à 63 ans, seule la moitié du déficit serait couverte... Bref, d'autres pistes devront être explorées. Une hausse des cotisations pourrait-elle, finalement, être envisagée?? C'est ce que semble redouter le Medef. « Il convient de trouver des sources de financement supplémentaires », a indiqué hier l'organisation patronale. « Mais tout financement qui se traduirait par une augmentation des prélèvements obligatoires mettrait à mal la croissance potentielle de la France. » Et Laurence Parisot d'ajouter?: « Ne nous enfermons pas dans une approche symbolique, et continuons à rechercher le consensus de toutes les parties prenantes. »Le gouvernement publiera le 17 mai un document d'orientation d'une vingtaine de pages, « qui doit indiquer les principes assignés à la réforme et qui fera l'objet d'une nouvelle étape de concertation approfondie », a-t-on appris hier. Dès mardi, Éric Woerth reprendra ses consultations avec les organisations syndicales et les partis.
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