Herman Van Rompuy, le coach de l'Europe

"J'ai mauvais caractère", assène Herman Van Rompuy à la tribune ce mercredi 4 juin, lors de l'édition 2010 de la Conférence sur l'investissement dans le monde qui se tient à La Baule. Un aveu qui plus que la coquetterie traduit la détermination et la patience d'un homme plutôt affable et discret. Au début de cette semaine, sous sa houlette, l'Ecofin a sans tambour ni trompette pris des décisions importantes, inimaginables il y a à peine un an : création officielle du fonds de stabilisation pour aider un membre européen, d'un montant de 440 milliards d'euros, refonte du pacte de stabilité avec de véritables pénalités, surveillance macroéconomique renforcée, soumission des projets de budgets nationaux aux autres membes européens avant leur discussion par les parlements, pouvoirs élargis pour l'office européen des statistiques Eurostat désormais doté d'un pouvoir d'enquête... Ces avancées sont à mettre au crédit de Herman Van Rompuy et de son équipe, qui travaillent depuis plusieurs mois sur la gouvernance économique européenne."Serpillère"En février dernier, cet ex-Premier ministre belge, qui avait déjà sauvé son pays du chaos, s'était fait insulter par Nigel Farage, un élu du Parti de l'indépendance de Grande-Bretagne (UKIP). L'europhobe l'avait traité de "serpillère", à l'apparence "d'un petit employé". Mais ce n'était sûrement pas l'insulte qui caractérisait le nouveau président du Conseil européen, un poste créé par le Traité de Lisbonne, mais davantage sa justication : "Qui êtes-vous ? je n'avais jamais entendu parler de vous, personne en Europe n'avait jamais entendu parler de vous", s'exclamait Nigel Farage. C'est peut-être là que se trouve la marque de fabrique de l'action de Herman Van Rompuy : rester discret, travailler loin des médias. "Il refuse tout entretien télévisé", déplore une journaliste travaillant pour une chaîne française, qui s'est à nouveau fait éconduire à La Baule, après avoir tenté plusieurs fois sa chance depuis sa nomination. Ce que confirme un correspondant à Bruxelles.Optimisme inoxydableSur l'estrade de La Baule, à mille lieux de l'euro-pessimisme ambiant généré par la crise grecque et sa gestion par les grands pays de la zone, Herman Van Rompuy, avec son optimisme inoxydable, égrène d'un ton assuré rehaussé de son accent belge les atouts de l'Europe : premier contributeur au PIB mondial, un marché de 500 millions de consommateurs, une population à haut niveau d'éducation, la bonne santé de l'euro, même s'il baisse, une inflation inférieure à 2% durant 11 ans... "La tourmente financière n'a pas modifié cela", remarque-t-il. A la tribune, bluffé, le patron allemand d'EADS Thomas Enders, en oublie son discours devant tant d'assurance et de force de conviction. Prochaine rendez-vous, le jeudi 17 juin pour la tenue d'un sommet avec les chefs d'Etat de l'Union européenne, où Herman Van Rompuy va continuer à faire avancer la machine européenne. "Les responsables européens savent tous qu'ils doivent agir et travailler ensemble pour sauver l'extraordinaire attractivité de l'Union", a-t-il lancé.
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